Bien-être des vaches et …des éleveurs

Installé en Gaec avec son père, Julien Prud’Homm est producteur de lait à Penvénan (Côtes d’Armor). Il produit également 27 hectares de choux-fleurs, une culture légumière très gourmande en main-d’œuvre. Le nouveau bâtiment de l’exploitation a été conçu sous le signe de l’automatisation des tâches et du confort des vaches.

Au Gaec de Coat Hery qui ouvre ses portes le 22 octobre, la Manche est à peine à 2 kilomètres à vol d’oiseau. En cette mi-juillet 2019, il fait chaud mais la canicule ne sévit pas comme dans le reste de l’Hexagone. Dans ce village breton, les hivers sont doux, sans gelée ou presque. L’hygrométrie est élevée. Le vent est souvent présent et les précipitations annuelles importantes. « Pour le confort de nos vaches, nous voulions un bâtiment bien ventilé, été comme hiver. Il fallait également pouvoir assurer une protection efficace contre la pluie et le vent qui peut souffler fort en hiver. Nous étions également intéressés par toute option nous permettant de gagner du temps. Nous produisons en effet en parallèle des choux-fleurs, une production très prenante, peu mécanisée et gourmande en main-d’œuvre. Enfin, si nous sommes actuellement 3 sur l’exploitation, d’ici à deux ans, mon père fera valoir ses droits à la retraite, il nous fallait donc un bâtiment conduit sous le signe de l’automatisation ». 

Les éleveurs ont choisi de conserver la conduite en aire paillée. Ils produisent ainsi du fumier qu’ils valorisent dans leurs parcelles de légumes. « La litière peut chauffer et les besoins en ventilation sont importants », tient à souligner Julien. Ces exploitants se sont tournés vers leur concessionnaire afin de bâtir une stabulation adaptée à leurs besoins spécifiques. Au final, ils ont opté pour un robot de traite GEA R 9500 . Ils ont misé sur des rideaux brise-vent et une ventilation développés par le groupe BHD. Ils ont aussi retenu un système d’automatisation pour faciliter l’ouverture et la fermeture des rideaux. Un anémomètre, un capteur de pluie et des sondes thermiques renseignent une console centrale qui, en fonction du paramétrage retenu par les éleveurs, ouvre ou ferme les rideaux. Ces éleveurs ont ainsi investi 375 000 € dont 42 000 € pour les rideaux et le système automatisé d’ouverture/fermeture. « L’automatisation n’est choisie que dans un tiers des cas, constate Yannick Bodennec commercial au sein de RCY, une filiale du groupe BHD. Dommage, car au regard de l’investissement global dans un bâtiment, c’est peu ». L’éleveur penvénanais, pour sa part, est convaincu d’avoir fait le bon choix. « Cette année, malgré les grosses chaleurs de juin, la reproduction s’est bien passée. Les échographies ont confirmé que 100 % des vaches inséminées étaient gestantes. Par ailleurs, depuis trois mois, nous n’avons déploré que 2 mammites. Dans notre ancien bâtiment à l’ambiance confinée, nous en avions bien plus. Enfin, l’automatisation nous fait gagner en flexibilité. Auparavant, nous commencions la journée à 5 heures du matin dans la stabulation avec la traite pour pouvoir ensuite nous rendre le plus tôt possible dans nos parcelles de choux-fleurs. Aujourd’hui, nous pouvons nous concentrer sur les alertes générées par le robot de traite MiOne. Celui-ci nous permet également d’économiser nos forces. Moins fatigués par la traite, nous pouvons alors nous consacrer plus efficacement et sereinement à nos choux. De plus, nous n’avons plus besoin de revenir à la stabulation pour ouvrir ou fermer les rideaux s’il se met à pleuvoir, si le vent forcit ou si le soleil vient à taper. C’est vraiment plus pratique et plus efficace ». 

Une production intensive

Le confort, l’ambiance et le bien-être animal restent déterminants dans un cheptel conduit de façon intensive. Jusqu’à récemment, la production dans cet élevage dépassait le seuil de 10 000 litres par vache. L’arrivée du robot a généré une légère chute. Les laitières atteignent toutefois une production de 30-31 kg de lait à un stade moyen de six mois. Le pic de lactation se situant respectivement au-dessus de 40 kg pour les primipares et 50 kg pour les multipares. « Actuellement, le nombre de traite quotidien est à 2,7. Au plus bas, ce chiffre a chuté à 2 », souligne Julien. L’exploitation cherche à produire un maximum de lait sur un minimum de surface par vache. D’ailleurs, le chargement est de 3 UGB(1) par hectare de SFP(2) ! Situé à 2 km de la mer, où l’hygrométrie est élevée, il est difficile de ramasser et de faire sécher le foin dans des conditions optimales. Disposant de peu de terres dédiées aux fourrages, le Gaec de Coat Hery complète la ration de ses laitières à base d’ensilage de maïs par de la luzerne déshydratée en brins longs. Heureusement, l’élevage peut compter sur une bonne productivité du maïs : 22 tonnes de matière sèche par hectare !  L’année 2019 s’annonce bonne.

E.L.D

 

(1) l’UGB ou unité gros bovin est l’unité de référence permettant de calculer les besoins nutritionnels ou alimentaires des bovins. 

(2) La superficie fourragère principale

 

EN CHIFFRES…

Le Gaec de Coat Hery

  • deux associés Julien et Philippe Prud’Homm ;
  • 60 ha de SAU, dont 27 ha consacrés aux choux-fleurs ;
  • une production de 600 000 litres de lait ;
  • un bâtiment de 48 x 26,50 m conduit sur aire paillée ;
  • une traite robotisée avec un robot GEA R 9500  (2,7 traites/vache et par jour) ;
  • un cheptel de 60 vaches produisant une moyenne de 31 kg à un stade de 6 mois.

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