Egalim 2 au milieu du gué

Le médiateur des contrats agricoles fait un premier bilan de la loi « visant à protéger la rémunération des agriculteurs ».

« Sans la loi Egalim 2, il n’y aurait pas eu de négociation commerciale viable en cette période d’inflation », a assuré Thierry Dahan, médiateur des contrats, le 12 octobre devant l’Académie d’agriculture de France. Il entendait ainsi répondre aux intervenants précédents qui avaient insisté, eux, sur les faiblesses supposées de cette loi, que l’on pourrait résumer ainsi : « une loi politique d’une extrême complexité, destinée à calmer le monde agricole, qui apporte une mauvaise réponse à un vrai problème ». Certes, ont-ils reconnu, Egalim 2 n’a pas encore produit pleinement ses effets, faute de temps (elle a tout juste un an) et de mise en application, en ce qui concerne notamment la contractualisation obligatoire. « Beaucoup de filières n’étaient pas préparées », explique Thierry Dahan, soulignant au passage que, dans la filière laitière, « seul Lactalis a un contrat conforme à la loi », en ce qu’il retient une indexation sur les coûts de production. « Les autres suivent le leader. »

Le médiateur constate que la loi Egalim 2 a fait exploser le nombre annuel d’affaires qui parviennent jusqu’à lui : 30 à 40 par an avant 2020, 80 en 2021 et sans doute 200 en 2022. Parmi les distributeurs, c’est Lidl qui suscite le moins de contentieux avec les filières agricoles et alimentaires car l’enseigne d’origine allemande « passe les augmentations de prix tout de suite ». Sous-entendu : sans attendre ce que va faire Leclerc… Plus généralement, ce sont les produits à marque de distributeur (MDD) qui suscitent les hausses tarifaires les plus importantes. Toujours selon Thierry Dahan, les négociations commerciales annuelles achevées à la fin février 2022 ont débouché sur des hausses de prix de l’ordre de 3,5 %. La réouverture de ces négociations, aussitôt après le déclenchement de la guerre en Ukraine, a conduit à de nouveaux relèvements de tarifs de 4 à 5 %. Des chiffres cohérents avec l’envolée des prix alimentaires constatée par l’Insee depuis le début janvier (+ 9 %), qui pourrait atteindre + 12 % d’ici à la fin de l’année.

BC

(En photo, Thierry Dahan – crédit : Xavier Remongin/ministère de l’agriculture)

A télécharger :

Hausse des importations de produits laitiers et de viandes (ministère de l’agriculture, 15 nov. 2022)

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 2 nov. 2022)

Résultats 2021 des réseaux d’élevage Inosys (Chambres d’agriculture, 28 oct. 2022)

Observatoire des entreprises agricoles de Normandie (Cerfrance, 1er sept. 2022)

Hausse des revenus laitiers en 2021 (CNE, Idele, 19 oct. 2022)

L’inflation atteint 5,6 % sur un an (Insee, 14 oct. 2022)

Légère détente des prix à la production (ministère de l’agriculture, 13 oct. 2022)

Dégradation du solde commercial en produits laitiers et viande bovine (ministère de l’agri., 13 oct. 2022)

Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 12 oct. 2022)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 7 octobre 2022)

Panorama des industries agroalimentaires (ministère de l’agriculture, octobre 2022)

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