Lysine : l’Europe taxe l’appétit chinois

Depuis le 11 juillet 2025, des droits antidumping s’appliquent définitivement aux importations chinoises de lysine, remplaçant les droits temporaires introduits par Bruxelles en janvier dernier. Une mesure saluée par Eurolysine, seul producteur européen de cet additif utilisé en nutrition animale. 

La Chine s’était lancée dans une course à la surproduction de lysine, inondant le marché européen à prix bas et grignotant progressivement les parts de marché des autres pays importateurs tels que le Brésil, l’Indonésie ou la Corée du Sud (- 4% entre 2020 et 2024). “La Chine produisait environ 2 500 000 tonnes de lysine alors que seules 300 000 tonnes étaient consommées sur le marché intérieur”, note la Commission européenne, lors de son enquête sur les pratiques de dumping chinoises. Ouverte au printemps 2024 suite à la plainte déposée par l’entreprise Metex Noovistago (devenue Eurolysine après son rachat par le groupe Avril en juillet 2024), la procédure a abouti à une conclusion sans appel : “Les importations de lysine faisant l’objet d’un dumping en provenance de la Chine ont causé un préjudice important à l’industrie de l’Union.”  En conséquence, des droits antidumping sont entrés en vigueur le 11 juillet 2025 pour une durée de cinq ans. Ils varient de 47,7 % à 58,2 % selon les entreprises chinoises concernées et portent sur toutes les formes de lysine (HCl de lysine, sulfate de lysine, lysine liquide).

Relancer la production européenne

Eurolysine (groupe Avril), seul producteur de lysine dans l’Union européenne et plaignant dans cette affaire, a salué cette mesure. « La mise en place de droits antidumping pour cinq ans ouvre des perspectives à moyen terme qui nous encouragent dans notre plan de développement de la production”, s’est réjoui Eddy Feijen, son PDG. “Au cours du second semestre 2025, notre usine d’Amiens aura retrouvé son rythme de croisière pour la production de lysine et nous travaillons actuellement à augmenter la capacité de production de lysine de 20% à l’horizon 2027.» L’enjeu est de taille. En 2023, les importations chinoises couvraient près de 60% de la consommation européenne de lysine, estimée à 435 000 tonnes. L’industrie de l’Union, couvrant seulement 18% des besoins, saura-t-elle répondre massivement à la demande ? La Commission, s’alignant sur les données fournies par Eurolysine, a estimé que les pays tiers (Brésil, Corée du sud, Indonésie, Etats-Unis) avaient une capacité de production inutilisée estimée entre 500 000 et 600 000 tonnes en 2023. Un volume confortable permettant de sécuriser l’approvisionnement des importateurs européens et des industriels de la nutrition animale. Malgré leurs inquiétudes quant à une possible perte de compétitivité, la Commission a estimé que l’impact des droits antidumping sur le coût final de la lysine resterait inférieur à 1 %.

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