Rentrée agricole en Bretagne

Ce 9 septembre 2025, la chute du gouvernement Bayrou s’est invitée à la conférence de rentrée de la chambre d’Agriculture de Bretagne. « Cette instabilité politique nous préoccupe », commente Laurent Kerlir, son président. Promulguée dans le sillage des manifestations agricoles de l’hiver 2024, « avec plus de huit mois de retard », la loi d’orientation pour la souveraineté alimentaire attend toujours ses décrets d’application. « Nous espérons qu’elle ne sera pas remise en cause. Elle est importante pour l’installation et la transmission des exploitations. » Même inquiétude sur la loi Duplomb, dont un volet, retoqué, devait être rediscuté à l’automne. Il portait sur l’assouplissement des procédures ICPE en élevage (installations classées pour l’environnement). « Lorsqu’on parle d’installations classées en agriculture, on est sur des tailles de 2,3, 5 salariés ou exploitants. Personne n’imagine la masse de procédures que l’agriculteur doit supporter », déplore Jean-Alain Divanac’h. Dans la ligne de mire du vice-président de la chambre d’agriculture de Bretagne, les « attaques fallacieuses » et judiciaires contre les projets de restructuration ou de consolidation des élevages. « Les porteurs de projet se découragent. »

Quid de la future PAC ?

L’environnement européen est tout aussi incertain. La proposition de budget pour la prochaine politique agricole commune (PAC 2028-2034) table sur « 25% de coupe ». Or, en Bretagne, « les filières bovines sont très dépendantes de ces aides européennes, en lien la distribution aux hectares et les Maec herbivores », rappelle Laurent Kerlir. En l’absence de prix rémunérateurs, « ces aides contribuent à hauteur de 100% à 150% du revenu en bovin viande », 70% actuellement avec la remontée des prix. « En lait, il y a dix ans, c’était 100%. » La nouvelle proposition veut aussi tout fusionner dans un même fonds. Jusque-là, le premier pilier garantissait les revenus, le second les investissements (modernisation, équipement). « Sur le dernier programme, la Bretagne a déjà perdu 200 millions d’euros. C’est angoissant pour nos agriculteurs. » Dans la région, 2.500 dossiers MAEC ont été déposés.

Aléas sanitaires

Cette tourmente politique vient s’ajouter à l’actualité sanitaire. En Bretagne, les variants 3 et 8 de la FCO circulent. Avec un taux de 25% de vaccination (bovin, ovin), la chambre d’Agriculture souhaiterait que les analyses sur les animaux s’étendent davantage afin de connaître le niveau réel d’infection dans la région et « savoir quel variant circule et où », explique Jean-Alain Divanac’h. « Il y a 2.400 foyers déclarés, mais ce chiffre doit être pris avec des pincettes. » La disponibilité des vaccins a posé question dès l’hiver dernier après l’arrivée sur le territoire de la FCO 3. « Nous avons un peu plus de vaccins aujourd’hui mais l’acte reste complexe. Parfois il faut intervenir 4 à 5 fois », souligne Laurent Kerlir.  Le vaccin a aussi un coût, en moyenne 15-20 euros par animal pour un variant.

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