Covid-19 : « Il faut réduire la production »

L’European milk board (EMB) réclame à la Commission européenne un programme de réduction volontaire de la production laitière pour enrayer la baisse des prix internationaux. La Confédération paysanne et la Coordination rurale aussi. 

« La crise du coronavirus s’étend aux producteurs et productrices du secteur laitier », estime l’EMB dans un communiqué du 19 mars. « Les principaux indicateurs montrent déjà clairement une forte tendance à la baisse. L’index « Global Dairy Trade » a ainsi chuté de 3,9 % cette semaine, après avoir affiché une baisse continue au cours des dernières semaines. Sur le marché italien du lait spot, on constate également de nets reculs de prix. Il s’agit actuellement d’une chute de presque 7 % par rapport au mois de février. Les cours des contrats à terme pour les produits laitiers connaissent eux aussi un net déclin à la bourse européenne de l’énergie (European Energy Exchange, EEX). Les contrats pour le mois de mai ont diminué de 5,7 % pour atteindre 3 300 €/t. »

« La quantité de lait actuellement produite dans les exploitations est souvent trop élevée par rapport aux capacités de traitement et à celles du marché. Les événements liés au coronavirus posent en effet de gros problèmes d’approvisionnement et de logistique dans l’industrie de transformation. Il faut y ajouter le manque de personnel et la baisse de demande de certains produits, que l’on constate déjà aujourd’hui à certains endroits. »

« Agir dès maintenant »

« La Commission européenne doit préparer maintenant la mise en œuvre d’un programme de réduction volontaire de la production avec plafonnement (…) Ensemble, les agriculteurs pourront alors restreindre quelque peu la production de leurs exploitations. Cette réaction concrète et coordonnée au niveau de l’UE permettra alors d’adapter les quantités produites aux conditions actuelles et de limiter les problèmes économiques. »

« Il est primordial d’agir dès maintenant. Si le secteur agricole ne réagit pas, il risque sérieusement de basculer tout entier dans une des pires crises de son histoire, qui aura encore un impact économique bien après l’affaiblissement des conséquences sanitaires du coronavirus. Lors de la grave crise de 2016, le programme de réduction volontaire de la production a été activé bien trop tard. Aujourd’hui, il faut à tout prix éviter que cette erreur fatale soit répétée. »

« La transparence doit être instaurée de toute urgence » (CR)

La Coordination rurale (CR) « demande, dans un communiqué du 15 avril, que soit mis en place au plus vite le Programme de responsabilisation face au marché (PRM), seul outil permettant de s’atteler rapidement aux crises à venir, et que la CR réclame depuis 2014 aux côtés de l’EMB. Une déclinaison de cet outil avait d’ailleurs permis de prouver son efficacité en 2016 quand une petite réduction des volumes de lait a eu un effet important sur le prix. »

« La quantité de lait actuellement produite dans les élevages semble trop élevée par rapport aux besoins du marché. La CR prend acte de la volonté du Cniel d’agir en proposant une incitation à la réduction. Cependant, une des principales raisons de cette crise qui s’annonce est la totale opacité des secteurs de la transformation et de la distribution. Malgré les demandes répétées de la CR, il est impossible de connaître les besoins de l’aval, ce qui laisse à penser qu’il joue sur une crise conjoncturelle pour faire payer aux éleveurs une crise avant tout structurelle. »

« La crise actuelle s’étend à l’échelle mondiale, et l’ensemble des marchés européens se retrouve déséquilibré. La CR craint que les mesures de soutien mises en place par la France soient peine perdue face à l’inaction des autres grands pays producteurs européens. La réduction proposée par le Cniel permettra – si tout le budget est consommé – de réduire la production d’environ 31 millions de litres, une goutte de lait face à la production européenne. Les éleveurs français payeraient ainsi plusieurs fois la note : par le financement du fonds, par la réduction de la production et, pour certains, par la baisse du prix. Pour la CR, il s’agit surtout d’un cadeau aux industriels. »

« Un dispositif incitatif de réduction des volumes » (CP)

« Le contexte actuel de pic de production printanière amplifie l’impact de la crise sanitaire pour les éleveurs.euses laitiers », souligne la Confédération paysanne dans un communiqué du 27 mars. « Le danger premier est que l’industrie accumule les excédents laitiers sous forme de beurre ou de poudres. Comme à chaque fois, cette accumulation des stocks amènera une chute du prix du lait à la ferme, et les éleveurs en pâtiront directement. Comme pour le chômage partiel et ainsi que le permet le règlement européen, il faut mettre rapidement en place un dispositif incitatif de réduction des volumes de la production laitière. Ce dispositif national devra être élargi au niveau européen afin de ne pas pénaliser les producteurs.trices français une fois la crise sanitaire terminée.

BC

A télécharger :

Tableau de bord hebdomadaire des produit laitiers (FranceAgriMer, 27 mars 2020)

La conjoncture laitière (FranceAgriMer, 20 mars 2020)

Tableau de bord du lait et des produits laitiers (Commission européenne, 18 mars 2020)

A consulter :

Le site du gouvernement sur le Covid-19 (mis à jour en permanence)

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