La qualité, l’autre enjeu des moissons

La teneur en protéines des blés 2021 devrait s’avérer « satisfaisante » à « très élevée », sous réserve que les pluies estivales ne perturbent pas les derniers chantiers de récolte.

L’institut technique des céréales (Arvalis), celui des oléo-protéagineux (Terres Inovia) et FranceAgriMer font le point, dans un communiqué du 16 août, sur les récoltes des céréales à paille, du colza et des protéagineux.

Blé tendre

« Au 9 août, les récoltes s’achèvent au sud de la Loire, mais sont encore régulièrement interrompues par les pluies dans les autres régions. Le taux d’avancement de la moisson est inférieur à 50% dans le tiers nord du pays, d’après le dernier rapport Céré’Obs de FranceAgriMer. Selon le Service de la statistique et de la prospective du ministère de l’agriculture (SSP), la production de blé tendre est estimée à 36,7 millions de tonnes (Mt), en hausse de 10 % par rapport à la moyenne quinquennale. Les surfaces cultivées sont en net progrès par rapport à l’an passé (+16 %) et restent proches de la moyenne quinquennale (+2%). Ces dernières ont notamment beaucoup progressé, par rapport à la campagne de culture 2019-2020, dans les régions Poitou-Charentes, Pays de la Loire et Centre. À l’échelle nationale, le rendement serait de 74,2 q/ha en moyenne (+8% par rapport à la moyenne 2016-2020). »

« Sur le plan qualitatif, les résultats sont particulièrement contrastés cette année en raison du contexte climatique (…) Les blés affichent des poids spécifiques irréguliers et en retrait par rapport au potentiel des variétés. La dégradation des poids spécifiques est la plus importante pour les parcelles récoltées après les pluies. Pour les premières coupes réalisées en Hauts-de-France (environ la moitié de la surface), les poids spécifiques sont d’un niveau satisfaisant. Des opérations renforcées d’identification et de tri des lots chez les opérateurs seront souvent nécessaires. La récolte devrait être globalement satisfaisante sur le critère « temps de chute de Hagberg », même si certaines situations climatiques ont eu pour conséquence quelques faibles valeurs. Les conditions de fin de récolte restent néanmoins préoccupantes localement. »

« Les teneurs en protéines sont généralement élevées voire très élevées dans le sud et l’ouest du pays, ainsi qu’en Alsace. Elles sont en moyenne satisfaisantes à bonnes dans les régions Centre-Val de Loire, Bourgogne-Franche-Comté, Normandie, Hauts-de-France ainsi qu’en Champagne-Ardenne et Lorraine. Ces tendances régionales masquent néanmoins des disparités entre parcelles. »

Orge d’hiver

« Les récoltes d’orges d’hiver sont quasiment terminées. La production est estimée à 8,3 Mt selon le SSP, en hausse de 27% par rapport à 2020. Les surfaces cultivées sont proches de celles de l’an passé et les rendements moyens sont en progression dans la quasi-totalité des régions productrices. En effet, malgré une météo capricieuse dès la sortie d’hiver, la mise en place des composantes de rendement (nombre d’épis, fertilité épis, poids de mille grains) a été globalement correcte à bonne pour cette céréale. La moyenne nationale s’établirait à 69,7 q/ha selon le SSP (+12% par rapport à la moyenne des 5 dernières campagnes). »

« Les teneurs en protéines, majoritairement situées entre 10 et 11%, devraient satisfaire les utilisateurs brassicoles. Les poids spécifiques sont, quant à eux, assez faibles sur la quasi-totalité du territoire, sans incidence toutefois sur la valeur d’utilisation des orges pour les animaux. À l’échelle régionale, les calibrages sont corrects voire bons mais cachent, là encore, des disparités entre parcelles. »

Orge de printemps

« Les moissons d’orges de printemps étaient encore en cours au 9 août, avec près de 8 hectares sur 10 moissonnés à l’échelle nationale mais seulement 42% dans les Hauts-de-France, d’après les dernières données Céré’Obs. Selon le SSP, les rendements seraient en hausse à l’échelle nationale, à 63,2 q/ha contre 58 q/ha en moyenne sur les cinq dernières campagnes. Ils ne permettent pas de compenser la forte baisse des surfaces observée par rapport à la campagne de culture 2019-2020 (-32%). Ainsi, la production s’établirait à 3,4 Mt (-13% par rapport à 2020, +3% par rapport à la moyenne quinquennale). »

Colza

« Alors que les récoltes sont encore très retardées par les pluies au nord et peinent à avancer, 85% de la récolte française de colza est désormais réalisée. Le rendement national devrait dépasser 35 q/ha. La production globale devrait s’établir autour de 3,3 Mt, niveau équivalent à celui des deux dernières années, malgré une baisse des surfaces de 15% au niveau national sur la même période. »

« En dépit de difficultés climatiques et d’attaques de ravageurs tout au long de l’année, les dernières semaines, favorables à la nouaison et au remplissage, permettent d’atteindre dans de nombreux cas un rendement dépassant les espérances. En parcelles saines, certaines exploitations du centre et de l’ouest enregistrent des records à plus de 50 q/ha. Ailleurs, les rendements varient entre 20 et 35 q/ha selon les difficultés rencontrées et la qualité des terres. Des grains germés ont été observés dans une partie des récoltes de l’est de la France, de façon significative sur certains territoires. La teneur en huile de la collecte est pour l’instant estimée dans la moyenne des dernières années ou légèrement en retrait. »

Pois

« Avec une sole d’environ 200 000 ha, la récolte nationale 2021 de pois protéagineux (hors pois issus de mélanges avec des céréales) devrait être en hausse par rapport à l’an passé, et dépasser 650 000 tonnes. Le rendement moyen, tous pois confondus, s’établirait autour de 33 q/ha. »

« Après des implantations et un début de cycle plutôt bons, les épisodes de gel et de sécheresse printaniers ont entamé le potentiel sur fond de bactériose, avant de laisser place à une période de floraison longue et bénéfique. Néanmoins, depuis la mi-juin, l’épisode de températures fraîches et de pluies fréquentes et abondantes, toujours en cours sur le territoire au 5 août, a favorisé les maladies de fin de cycle et entraîné des verses importantes ainsi que des pertes à la moisson. »

« Le poids de mille grains (PMG) serait en retrait et la qualité des lots hétérogène, que ce soit en termes de qualité visuelle comme d’humidité et d’impuretés. Le pois de printemps pourrait, cette année, s’en être un peu mieux sorti que le pois d’hiver dans certains secteurs. »

Féverole

« La féverole d’hiver, prédominante en agriculture biologique et qui couvre près de 50% des surfaces nationales (80 000 ha), a été très pénalisée par le gel d’avril et les maladies, notamment des viroses. Le rendement moyen devrait être très bas, sous les 20 q/ha. »

« Pour la féverole de printemps, dont la récolte n’a pour ainsi dire pas commencé, le potentiel semble supérieur à celui des dernières années, avec un nombre élevé d’étages de gousses mis en place à la faveur de températures fraîches et de conditions humides. Les conditions de remplissage des graines ont également été favorables. »

BC

A télécharger : Conjoncture mensuelle grandes cultures (FranceAgriMer, 27 août 2021)

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