L’alimentation animale souffre

Les fabrications d’aliments du bétail ont chuté de 5,7 % au 1er semestre 2022, puis de 13,1 % en juillet. Et déjà s’annonce une « nouvelle dégradation de la production dans les mois à venir ».

« Le secteur est confronté à une baisse historique des volumes de production : -3,5% entre juillet 2021 et juin 2022, -5,7% estimée au premier semestre 2022 (-12% sur les aliments bio, ndlr). C’est une baisse nette de la production industrielle de près de 550 000 tonnes sur les six premiers mois de l’année 2022 », alerte le Syndicat national de l’industrie de la nutrition animale (Snia) dans un communiqué du 31 août. « Les effets du conflit russo-ukrainien, les conséquences de l’épidémie d’Influenza aviaire, la sécheresse et l’inflation qui touche les coûts de production génèrent une fragilité inédite et découragent de nombreux éleveurs. »

« Depuis janvier 2020, l’indicateur IPAA, qui visualise le coût des matières premières valorisées par l’alimentation des animaux d’élevage, a augmenté de 80%. Malgré une légère baisse constatée sur certaines matières premières au cours de l’été 2022, l’indice reste à un niveau record. Les entreprises de nutrition animale subissent, par ailleurs, la hausse de leurs coûts industriels tels que l’énergie et la logistique. Le conflit russo-ukrainien a amplifié cette tendance haussière des coûts de production depuis la reprise économique post-covid. »

Investir

« Face à la conjoncture alarmante, les professionnels de la nutrition animale appellent à réagir. Ils demandent que l’avenir de l’élevage en France soit considéré comme une priorité. La France doit investir pour répondre aux enjeux en matière d’environnement, d’attractivité économique et sociale, tout en maintenant le haut niveau de sécurité sanitaire et de qualité qui caractérise nos productions sur les territoires », déclare François Cholat, président du Snia (notre photo). « Les fabricants d’aliments veulent répondre présents mais ils ont besoin du soutien des pouvoirs publics pour activer les nouveaux leviers de compétitivité dont dépend l’avenir de l’élevage en France. »

« Si l’aide exceptionnelle de 489 M€ pour compenser une partie de la hausse du coût de l’alimentation pour les animaux, mise en place par les pouvoirs publics au printemps 2022, a donné un signe positif et a permis à de nombreux élevages de tenir, le Snia appelle à un vaste plan d’investissement, fondamental pour sauvegarder la ferme France, et à :

– moderniser les élevages et les outils industriels de la production d’aliments pour animaux d’élevage afin d’assurer compétitivité et durabilité,

– optimiser la performance environnementale et énergétique de la production et de la logistique de la filière,

– relocaliser des industries pour limiter la dépendance aux ingrédients importés (micro-ingrédients tels que les acides aminés, vitamines, oligo-éléments ; protéines telles que les tourteaux d’oléagineux),

– améliorer l’attractivité des métiers,

– limiter les distorsions dues à certaines dérogations réglementaires intra UE. »

BC

A télécharger :

Les prix à la production compensent le coût de l’aliment (ministère de l’agriculture, 5 oct. 2022)

Le marché des céréales et des oléagineux très incertain (Cerfrance, 21 sept. 2022)

Les fabrications d’aliments chutent de 13,1% en juillet (Snia/LCA, 22 sept. 2022)

L’élevage, priorité à réinvestir (Snia, 31 août 2022)

Note de conjoncture aliments (Snia/LCA, 19 juillet 2022)

43% des maïs grains en bon état cultural (FranceAgriMer, 16 sept. 2022)

Chiffres clés bovins 2022 (Institut de l’élevage, 7 sept. 2022)

Guide de l’abreuvement (Assecc, 7 sept. 2022)

Bilan sécheresse au 1er septembre 2022 (Chambres d’agriculture, 6 sept. 2022)

45 % de maïs grain en bon état (FranceAgriMer, 2 sept. 2022)

Les matières premières de l’alimentation animale en 2020 (ministère de l’agriculture, 1er août 2022)

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