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Le burn-out surreprésenté en élevage

La moitié des agriculteurs sont en burn-out ou pourraient basculer, selon une enquête réalisée dans la Marne. Le risque est encore plus grand chez les polyculteurs-éleveurs.

« Le sens du travail en agriculture » : c’est le titre de l’étude réalisée par Alice Martinet, psychologue du travail, pour l’Adasea (1) de la Marne en collaboration avec la Chambre d’agriculture et l’Université de Reims. Les 319 agriculteurs enquêtés (81,5 % d’hommes et 18,5 % de femmes) se répartissaient entre polyculteurs (34%), viticulteurs (23%), polyculteurs-éleveurs (16%) et éleveurs (11%) essentiellement.

Selon l’étude, 18% des répondants seraient en burn-out (26% des polyculteurs-éleveurs, 20% des polyculteurs) et 31% « à risque » (29% des polyculteurs-éleveurs, 33% des polyculteurs) – l’effectif d’éleveurs est trop réduit pour que les résultats soient significatifs. Il n’est pas non plus possible d’affirmer qu’il y aurait un lien entre le fait d’avoir ou pas des salariés ou des associés et la situation vis-à-vis du burn-out. En revanche, l’auteure établit que le risque diminue quand le « sens » trouvé à son travail augmente.

La qualité fait « sens »

« Ce qui renforce le sens du travail chez les éleveurs est le fait de produire de la qualité dans le respect de l’environnement et des animaux. » A l’inverse, ce qui dégrade le sens du travail chez les éleveurs, ce sont « les attaques sur le métier (par les gens, les médias) ». Chez les polyculteurs-éleveurs, ce serait plutôt « le manque de considération, l’incertitude pour l’avenir et le manque de rémunération ». Les contraintes administratives et la pression financière appartiennent aussi au « top 4 » des « destructeurs du sens du travail », tous agriculteurs confondus.

L’étude note une hiérarchie des valeurs différentes selon le sexe. « Ce qui renforce le sens du travail chez les hommes est de nourrir le monde et entretenir le territoire tandis que produire avec moins d’intrants pour la satisfaction du client et la reconnaissance de la société est sans effet pour eux. A l’inverse des hommes, le fait de nourrir le monde et entretenir le territoire est sans effet sur le sens que les femmes donnent à leur travail (…) Les attaques sur le métier (par les gens, les médias) dégradent le sens du travail chez les hommes. En revanche, les contraintes administratives, réglementaires et environnementales absurdes et la pression financière des banques, des assurances et des impôts ne sont pas des facteurs de dégradation du sens du travail. On retrouve complètement l’inverse chez les femmes. »

BC

(1) Association départementale pour l’aménagement des structures des exploitations agricoles

 

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