Reproduction : un accident de parcours

La campagne 2017/2018 a été marquée par une « dégradation de la fécondité bovine », en particulier en élevage allaitant. La qualité des fourrages récoltés en 2016 est mise en cause.

L’Observatoire français de la reproduction des bovins (Reproscope) a connaissance des performances de plus de 7 millions de vaches vêlées réparties entre 56 144 troupeaux laitiers et 71 432 troupeaux allaitants depuis la campagne 2013/2014. Une somme de données que l’Institut de l’élevage (Idele) vient d’analyser avant de conclure à une « dégradation de la fécondité bovine » lors de la campagne 2017/2018.

IVV allaitant : + 9 jours

L’intervalle vêlage-vêlage (IVV), qui était passé de 426 à 422 jours en moyenne entre 2013/2014 et 2016/2017 en élevage laitier, est remonté à 424 jours en 2017/2018. Même chose en élevage allaitant, avec un IVV revenu de 410 à 405 jours avant de remonter brutalement à 414 jours la dernière année. Une « forte dégradation » qui « touche en particulier les élevages en monte naturelle ou avec peu d’IA » (1).

Pour l’Idele, « ces résultats, en particulier dans la filière allaitante, viennent confirmer des travaux mettant en cause un état corporel dégradé des vaches alimentées avec des fourrages/compléments de moindre qualité issus de la récolte 2016 (…) Du fait d’un printemps pluvieux et peu ensoleillé, les dates de fauche ont été retardées dans de nombreuses régions. Si les premières coupes sont restées correctes, les foins présentaient quant à eux des valeurs alimentaires médiocres : le décalage moyen de 15 jours a conduit à une baisse de 0,1 UFL et + 10 % d’encombrement en moyenne. Face à cette mauvaise qualité de fourragère, et dans un contexte économique défavorable, les éleveurs des troupeaux allaitants ont procédé à peu d’achats complémentaires, notamment de concentrés pour rééquilibrer les rations hivernales. Il a ainsi été largement observé un mauvais l’état corporel des animaux à l’entrée en stabulation fin 2016 et une absence de reprise d’état au cours de l’hiver et jusqu’à à la mise à l’herbe au printemps 2017. Ce défaut dans l’alimentation des femelles a été le facteur déterminant dans les mauvais résultats de reproduction constatés. »

Longévité accrue en lait ?

En filière laitière, 79 % des vaches sont inséminées (52 % de troupeaux avec IA exclusive, 9 % de troupeaux en monte naturelle exclusive). Le taux de réussite à l’IA première (IA1) s’y est établi en 2017/2018 à 51 % (1 point gagné en un an) pour les vaches et à 57 % pour les génisses (=). En allaitant, 12 % des vaches sont inséminées (5 % de troupeaux avec IA exclusive, 68 % de troupeaux en monte naturelle exclusive). Le taux de réussite à l’IA1 s’y élève à 57 % pour les génisses (- 1 point) et à 56 % pour les vaches (- 1 point). La pratique du croisement est stable en allaitant (20 % en moyenne) mais elle « augmente toujours » en lait (32 %, + 5 points en 5 ans). A peine 6 % des troupeaux laitiers se renouvellent totalement en race pure, contre 45 % des troupeaux allaitants.

En lait, le pourcentage de vêlages étalés sur toute l’année progresse (+ 3,2 points à 75 %), « en partie » à cause d’une baisse de la pratique « 4 mois sans vêlages ». En allaitant, 54 % des troupeaux groupent les vêlages sur 3 mois. « Parmi ces vêlages groupés, les vêlages de printemps augmentent de 3 % au détriment des vêlages d’automne (- 1 %) et d’hiver (- 1,3 %). » Les troupeaux laitiers comptent 31 % de primipares en moyenne, les troupeaux allaitants 20 %. « Si le taux de renouvellement moyen reste stable pour les troupeaux laitiers , à l’inverse des deux campagnes précédentes, la proportion de troupeaux avec plus de 35 % de renouvellement diminue (- 3 %) : signe d’une amélioration de la longévité ? », interroge l’Idele.

BC

(1) Près de 6,9 millions d’inséminations artificielles (IA) bovines (-0,6% sur un an) ont été réalisées en 2018/2019, dont 86% par les coopératives adhérentes à Allice. La production d’embryons (in vivo et in vitro) est restée « stable en 2018, avec plus de 36 000 embryons transférables. Parmi eux, 2 212 embryons ont été génotypés et ont pu obtenir un index, confirmant la progression depuis le début de l’utilisation de cette technologie», note Allice.

 

 

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