Collecte laitière : la France décroche, l’Europe progresse

En mars 2025, selon Agreste, la collecte de lait de vache en France poursuit son repli, avec une baisse de 1,3 % par rapport à mars 2024, confirmant une tendance déjà marquée en février (-5,7 %). Depuis le début de l’année, la baisse cumulée atteint -2,8 %.

Cette chute de la collecte s’inscrit dans un contexte plus large de recul de la production laitière française, affectant également la collecte de lait de chèvre (-4,3 %), tandis que le lait de brebis progresse légèrement (+1,5 %). À l’échelle européenne, la tendance est toute autre. Sur l’ensemble de l’année 2024, la collecte de lait de vache dans l’Union européenne a progressé de 0,7 %. Cette hausse est tirée par plusieurs grands pays producteurs : la Pologne (+3,9 %), l’Italie (+3,1 %) et l’Espagne (+1,5 %). La France a certes connu une légère progression sur l’année 2024 (+1,3 %), mais cette dynamique positive s’est inversée dès le début de l’année 2025.

📈 Prix du lait : des hausses
Le prix du lait reste bien orienté en France mais là encore, la France n’appartient pas aux leaders européens. En mars 2025, le lait de vache conventionnel atteint 498 €/1 000 litres, soit une hausse de 7,6 % par rapport à mars 2024. Le lait bio progresse plus faiblement (+1,7 %), s’établissant à 512,6 €/1 000 litres. Ces hausses traduisent des tensions sur l’offre et une certaine résilience du marché laitier.

🧀 Fabrication de produits laitiers : des volumes en recul dans le frais, plus dynamiques dans l’industriel
En cohérence avec la baisse de la collecte, les fabrications de produits laitiers frais sont en net recul :

  • Yaourts et desserts lactés : -6,1 %,
  • Lait conditionné : -4,7 %,
  • Fromages : -1,2 %, avec une chute marquée pour les fromages à pâte filée (-10,5 %) et ceux à pâte pressée cuite (ex. comté, -4,0 %).

En revanche, les fabrications industrielles progressent :

  • Le séchage de poudres de lait augmente de 11,7 %,
  • Le conditionnement de poudres de lait bondit de +31,3 %,
  • Le lait concentré conditionné enregistre une hausse de 28,2 %.

⚖️ Un contraste croissant entre dynamique européenne et essoufflement français
Alors que l’Europe renoue globalement avec une dynamique de croissance de sa production laitière, la France semble à la peine, affectée à la fois par des crises sanitaires (FCO, MHE…), des tensions sur les coûts de production, et une restructuration du secteur. Ce décalage pourrait peser sur la compétitivité de la filière française à moyen terme, d’autant plus que plusieurs pays voisins renforcent leur production.

Erwan Le Duc

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