Des brunes, des noires et des robots

Le Gaec Rothureau a fait le pari des robots de traite pour son cheptel de Brunes et de Holsteins. Un épisode de MHE(1) est venu freiner la progression technique.

En ce début de printemps, le soleil brille, mais l’air reste frais dans le bâtiment ouvert sur l’extérieur. Les rideaux, pilotés par une sonde, sont entièrement relevés. Dans un silence quasi religieux, les Brunes et les Holsteins sont traites par deux DairyRobot R9500. « C’est aussi pour leur faible niveau sonore que nous avons choisi les robots GEA. » « Dans la stabulation, nous avons également réservé une zone spécifique destinée aux vaches malades et aux génisses pour mieux les surveiller. Certaines génisses s’adaptent au robot en 24 heures, d’autres mettent plusieurs jours. Grâce à cet aménagement, nous gagnons du temps.» Les éleveurs accompagnent les primipares trois fois par jour au robot et effectuent un branchement manuel. L’ergonomie du système constitue un atout majeur. L’intervention est simplifiée : qu’il s’agisse d’un branchement manuel ou d’un soin, tout se fait dans de bonnes conditions, en toute sécurité. « Nous soignons les mammites directement au robot et nous pratiquons également le tarissement. »

Une technologie optimisée

Romain plébiscite la technologie In-Liner Everything, qui intégre l’ensemble du processus de traite (stimulation, nettoyage/prétrempage, premiers jets, traite et trempage) en un seul branchement. Cela optimise la disponibilité des robots et réduit les coûts d’exploitation. Côté hygiène, l’agent de trempage est appliqué à la fois sur le gobelet trayeur et le trayon, assurant une désinfection complète. « Nous apprécions tout particulièrement la possibilité de trier le lait d’un quartier infecté. Lors de la dernière traite avant de traiter une mammite, nous pouvons facilement isoler et jeter le lait du quartier concerné. » Tout est géré depuis l’interface du robot, accessible sur PC ou tablette tactile. L’utilisateur sélectionne simplement le quartier affecté et oriente le lait vers l’évacuation ou vers l’alimentation des veaux.

Romain pointe l’efficacité de l’écran de contrôle des robots. « Je visualise en un coup d’œil toutes les informations, sans devoir monter au bureau pour allumer l’ordinateur. Cela me permet de repérer rapidement les vaches en retard ou celles dont la production s’écarte des attentes. » Les éleveurs sont satisfaits de leur choix. Ils ne voulaient pas d’un robot nécessitant un grand espace de dégagement derrière le bras de branchement.

Impact de la MHE sur la production

Actuellement, la production moyenne atteint 28 kg/VL/j. Après un an et demi d’utilisation des robots, les éleveurs espéraient de meilleurs résultats, mais la MHE est venue bouleverser leurs prévisions. L’épidémie s’est d’abord déclarée dans le cheptel de Blondes d’Aquitaine, avant de toucher les vaches taries et les génisses élevées en plein air. « Les génisses présentaient des ulcères, des croûtes sur le mufle et de la fièvre. Certaines ont même perdu des quartiers. » Les vaches en production ont également souffert : essoufflement, boiteries, baisse d’appétit. En raison de difficultés à se déplacer, la fréquentation des robots a chuté. « Le niveau de production est brusquement passé de 30 à 22 kg/VL/j. C’était comme si notre troupeau subissait les effets d’une forte canicule. Nous avons utilisé de la vitamine C, ainsi que des anti-inflammatoires pour les plus touchées. » L’hiver a été marqué par un autre épisode difficile, avec un passage de fièvre Q.

Un soulagement avec des robots 

L’arrivée des robots de traite a été une véritable révolution pour les éleveurs. Romain, l’un des quatre associés, s’est installé en reprenant une ferme avec un cheptel d’Holsteins. En attendant la fusion des troupeaux sur un même site, les éleveurs ont dû assurer quatre traites par jour, soit près de sept heures de travail quotidien ! La transition vers la robotisation a nécessité une phase d’adaptation : les vaches « à problèmes » (fortes cellules, trayons mal implantés) ont été mises à part. Pendant plus d’une semaine, les éleveurs ont veillé jour et nuit pour habituer les laitières au robot. « Le niveau cellulaire n’a pas trop bougé, mais le paramétrage des tables d’alimentation a été le plus compliqué.». Le passage de la MHE n’a pas permis de produire les 1,2 Ml de lait contractualisés auprès de Lactalis. Les éleveurs espèrent que 2025 sera une année moins compliquée. Le niveau des taux (TB(2) de 44,6 g/kg pour les Holsteins et de 45,5 g/kg pour les Brunes et TP(3)  de respectivement 34,7 et 36,1 g/kg) leur garantit toutefois une solide rémunération du lait.

ERWAN LE DUC

  1. MHE : maladie hémorragique épizootique
  2. TB : taux butyreux
  3. TP : taux protéique

 

En chiffres…

Le Gaec Rothureau (Maine-et-Loire) 

 

  • quatre associés : Romain Avrillon, Yannick, Antoine et Mickaël Rothureau
  • une SAU(1) de 272 hectares de surface agricole utile
  • une production annuelle de 1,2 million de litres de lait
  • 120 vaches laitières (50 % de Holsteins et 50 % de Brunes)
  • un atelier naisseur de Blonde d’Aquitaine (160 vêlages par an)
  1. SAU : surface agricole utile

 

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