Clap de fin pour le « Varenne de l’eau »

Une charte va marquer l’implication des filières agricoles dans la gestion du changement climatique.

Le Premier ministre a clôturé, le 1er février à Paris, en présence de Julien Denormandie, ministre de l’agriculture, et de Bérangère Abba, secrétaire en charge de la biodiversité, le « Varenne agricole de l’eau » (1) que tous deux avaient lancé le 28 mai dernier. Au final, « 1 400 participants ont confronté leurs idées, ont débattu, et sont en mesure de nous faire des propositions opérationnelles », a résumé Jean Castex.

Pour commencer, « près de 30 filières se sont engagées à mettre en place, d’ici à la fin de l’année, une stratégie d’adaptation, assortie d’un plan d’actions très concrètes, dont la mise en œuvre s’échelonnera jusqu’à 2025. Certaines l’ont déjà concrétisé. Je pense à la filière lavande, à la filière viticole et bientôt à la filière laitière », a précisé le Premier ministre.

Pour « accompagner cette dynamique », Jean Castex a notamment annoncé que, dans le cadre du plan gouvernemental France 2030, deux enveloppes de 100 millions d’euros chacune seraient mobilisées : la première pour favoriser l’adaptation des filières au changement climatique, la seconde pour financer des « dispositifs innovants de pilotage intelligent des stockages d’eau ».

BC

A télécharger :

Contribution de la filière laitière au Varenne de l’eau (Cniel, oct. 2021)

Conclusions du Varenne agricole de l’eau (ministère de l’agriculture, 1er février 2022)

MAEC et aides bio 2015-2022 (ministère de l’agriculture, 12 mai 2022)

LES REACTIONS

La FNSEA et JA « saluent l’ambition et les moyens engagés »

« La FNSEA et Jeunes Agriculteurs saluent la prise de conscience du Gouvernement et sa détermination à inscrire la feuille de route du Varenne dans la durée : face à la récurrence des aléas climatiques, toujours plus extrêmes, qui impactent l’agriculture, fragilisent sa capacité de production au service de la souveraineté alimentaire de la France et entravent ses capacités d’investissement, il était urgent de donner dès à présent à l’agriculture les moyens d’accomplir sa transition agroécologique. »

« Concernant le thème 1 (gestion des risques), FNSEA et JA rappellent la nécessité de faire aboutir sous cette mandature les textes de la réforme de la gestion des risques agricoles, réforme jugée à la fois indispensable et historique, pour une mise en application le 1er janvier 2023. Au-delà de l’adoption définitive du projet de loi, les textes d’application doivent entrer rapidement en discussion. »

« Le thème 2 (adaptation au changement climatique), qui doit permettre à l’agriculture de disposer de la boite à outils pour adapter ses pratiques culturales, via notamment l’innovation, disposera d’une enveloppe de 100 M€ issue de France 2030 mobilisable dès 2022. C’est une avancée essentielle pour donner les moyens aux agriculteurs de bénéficier des outils permettant de faire face au changement climatique. FNSEA et JA saluent également la volonté de déploiement de ces outils sur le terrain, notamment via les Chambres d’agriculture. Les moyens d’accompagnement de cette action devront également être au rendez-vous. »

« Quant à la gestion de la ressource en eau, thème 3, FNSEA et JA saluent d’une part l’inventaire des ouvrages existants pour la remobilisation des volumes d’eau stockés et d’autre part le financement d’une nouvelle génération de dispositifs pour la gestion de la ressource en eau. A cet effet, deux guichets de respectivement 13M€ et 100 M€ issus des budgets France Relance et France 2030 sont alloués. FNSEA et JA accueillent également avec satisfaction le renforcement du rôle des Préfets comme recours final en cas d’impasse dans les concertations locales, limitant ainsi les interminables situations de blocage. Ces annonces, confortées par la nomination d’un délégué interministériel dans les prochaines semaines et pour une durée de trois ans minimum, doivent permettre à ce Varenne de l’eau d’être ce que le ministre de l’Agriculture a lui-même qualifié de « point de non-retour ». Mais c’est « sur pièce » que FNSEA et JA, jugeront le résultat de ce troisième thème. »

« De l’argent pour tout, sauf pour protéger et répartir l’eau » (Conf’)

« L’eau est une ressource naturelle rare qui nécessite une protection d’autant plus accentuée qu’elle est fortement impactée par le changement climatique et les activités humaines. Or, les annonces du gouvernement, hier en conclusion du Varenne agricole de l’eau et de l’adaptation au changement climatique, montrent surtout sa volonté de ne rien faire, si ce n’est servir le monde de l’agro-industrie, du numérique et des start-up », réagit la Confédération paysanne dans un communiqué du 2 février.

« Pour la gestion de l’eau, les mesures visent principalement à accélérer le stockage de l’eau : recensement et remise en service de retenues existantes, renforcement du rôle des préfets pour reprendre la main et accélérer les procédures de concertation, etc. Ceci alors même que les ambitions présentées pour l’adaptation de l’agriculture face au changement climatique, préalable indispensable au stockage, vont à contre-courant de tout ce qui serait nécessaire. En effet, robotique, numérique et génétique ne permettront jamais de mettre en œuvre les pratiques agronomiques qui préservent la ressource en eau d’un point de vue qualitatif et quantitatif. Mais non, le gouvernement préfère financer le stockage « intelligent » et répondre aux attentes d’une minorité d’acteurs (agricoles et industriels) qui s’accapare l’eau et l’argent public. »

« Dans ces conditions, la Confédération paysanne reste mobilisée pour la préservation de la ressource en eau et son partage entre tous les paysan.nes. Elle demande notamment l’arrêt de la construction de méga bassines. A ce titre, elle sera présente du 25 au 27 mars dans les Deux-Sèvres pour un printemps maraîchin contre les méga-bassines et pour des systèmes agricoles qui protègent l’eau », conclut le communiqué.

« Une ambition nationale » (Chambres d’agriculture)

« Les Chambres d’agriculture saluent l’engagement de l’Etat et se félicitent de la cohérence de l’action du gouvernement, de la mobilisation de moyens financiers (PIA4, France 2030, …), administratifs (évolution réglementaire, rôle des Préfets…) ainsi que la mise en place de politiques publiques, nationales et territoriales », écrit l’Assemblée permanente des Chambres d’agriculture (APCA) dans un communiqué du 2 février.

« Une dynamique, nationale et territoriale, est engagée sur l’eau et l’adaptation au changement climatique, enjeux prioritaires pour notre agriculture et pour la souveraineté alimentaire de la France. Les Chambres se sont fortement mobilisées et impliquées dans tous les volets du Varenne. Il convient désormais de définir et de mettre en œuvre dans chaque région les plans d’action. Ce travail permettra de chiffrer les moyens nécessaires, et de les harmoniser face aux différences de financement subsistant entre les Régions. Un accompagnement individuel des agriculteurs sera nécessaire (choix assurantiel, évolution des systèmes de production, irrigation, agroéquipement…). »

« Les Chambres d’agriculture disposent des compétences, méthodes et outils adaptés pour accompagner tous les agriculteurs dans leur projet d’entreprise et d’adaptation au changement climatique. La sécurisation de la ressource en eau constitue un enjeu majeur pour les agriculteurs, en particulier sur la problématique du stockage de l’eau en période hivernale. »

« Les Chambres d’agriculture demandent que l’annonce de la mise à jour du décret Gestion Quantitative de l’eau de 2021 et l’instruction PTGE – Projet de Territoire de Gestion de l’Eau – de 2019 se concrétise rapidement et que les Schémas Directeurs d’aménagement de gestion de l’eau (SDAGE) 2022-2027, dont le vote est prévu en mars 2022, prennent en compte les décisions du Premier ministre Jean Castex », conclut l’APCA.

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