Les grands troupeaux tiennent la forme

Les clôtures de la campagne 2021/2022 révèlent des résultats économiques « historiquement hauts » dans les grands troupeaux laitiers. Pour 2022/2023, une certaine incertitude demeure.

L’Atelier des études économiques Cerfrance Normandie Maine a mis en ligne, le 30 novembre, son Observatoire des grands troupeaux laitiers relatif aux exercices comptables 2021/2022 (juillet à juin). Premier constat, « le nombre de grands troupeaux augmente à l’ouest du territoire Normandie-Mayenne-Sarthe. La disparition et la concentration des exploitations laitières se poursuivent avec des dynamiques différentes sur le territoire. Une exploitation sur trois produit plus de 700 000 litres de lait (seuil définissant un grand troupeau, selon Cerfrance, NdlR). Le secteur laitier vit une transformation intense avec une diminution régulière du nombre d’exploitations. Cette diminution est de l’ordre de 4 % par an au niveau français. La production laitière moyenne est de 645 000 litres par exploitation laitière spécialisée. En hausse de 30 000 litres en moyenne, la production atteint 950 000 litres pour les exploitations de grands troupeaux. »

Second constat, « la productivité du travail augmente avec la taille du troupeau. La productivité est de 350 000 litres par UTH (unité de travail humain) en moyenne. Mais elle passe de 326 000 litres (exploitations produisant 700 000 à 900 000 litres) à 380 000 litres (exploitations produisant plus de 1,1 million de litres). Cette hausse s’accompagne d’une nouvelle intensification de la production avec une hausse du lait produit par vache et par hectare de SFP. »

2,5 smic en moyenne

« Avec près de 40 000 € de revenu disponible par Utaf (unité de travail annuel familial) en moyenne, les résultats économiques sont au rendez-vous et historiquement hauts (proches de 2,5 Smic nets), le prix du lait atteignant des sommets comme celui de la viande et des cultures. Et cela devrait perdurer sur les clôtures de l’automne 2022. Toutefois, pour 2022-2023, il faut rester vigilant du fait des charges d’intrants élevées (coût alimentaire, engrais et carburant notamment). »

« Malgré une meilleure productivité pour les exploitations produisant plus, les résultats économiques sont équivalents car elles subissent des charges financières plus lourdes suite à leurs décisions d’investissements (bâtiments, robot-roto, etc.). Avec leurs structures plus importantes (surface, quantité de lait, etc.), les exploitations produisant davantage ont une meilleure productivité avec des coûts de production plus faibles : les charges de structures sont diluées ; elles réalisent des économies d’échelle, notamment au niveau de la main d’œuvre et des frais de mécanisation. »

« Produire mieux avant de produire plus »

Cerfrance note encore de « fortes disparités de résultats selon la maitrise technique et la gestion du troupeau par les chefs d’exploitation, facteurs clés de succès. En effet, les écarts de performances sont importants (+/- 30 €/1000 l) selon : le système fourrager, la productivité laitière, la conduite de l’élevage. Seulement un tiers des exploitations produisant plus de 700 000 litres ont un prix de vente du lait supérieur au prix de revient. Les 25 % meilleurs dégagent 3,5 Smic nets en moyenne pour cette récolte, soit 17 500 € par Utaf de plus que la moyenne. »

« Augmenter la production nécessite souvent des investissements, sauf à limiter la capacité des bâtiments. Des investissements neufs pour produire le lait supplémentaire peuvent être lourds. Avant de produire plus, il faut produire mieux. La charge alimentaire est en moyenne équivalente d’un groupe à l’autre. En effet, il faut chercher à faire plus de chiffre d’affaires par vache, soit en produisant plus par vache, ou en améliorant le prix du lait par la qualité (taux, AOP…). »

« Dans le contexte actuel, avec l’envolée des coûts des intrants, malgré la hausse du prix du lait, les trésoreries peuvent se tendre, surtout dans les grandes exploitations où les volumes sont importants. Face au contexte mouvant des marchés, il est nécessaire de penser à l’épargne de précaution, pour sécuriser les systèmes et anticiper l’avenir avec des années plus volatiles », avertit Cerfrance.

BC

A téléchargerTableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 12 déc. 2022)

A regarder : vidéo mensuelle de conjoncture laitière (Cniel, 3 déc. 2022)

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