L’Europe a de beaux jours devant elle

La production européenne de lait devrait croître de 0,6% par an d’ici à 2030, en laissant une place croissante aux systèmes d’élevage dits non conventionnels. L’UE profitera le plus du développement des échanges mondiaux.

« La production de lait de vache de l’UE devrait atteindre 162 millions de tonnes (Mt) d’ici à 2030 (+0,6% par an) », estime la Commission européenne dans ses prévisions agricoles 2020-2030. « Les objectifs de durabilité devraient faire partie intégrante de la croissance du secteur laitier de l’UE, avec des actions tout au long de la chaîne alimentaire : approvisionnement, transport, emballage, livraison des produits. Des circuits plus courts et locaux pourraient renforcer les piliers économiques et sociaux de la durabilité. Au niveau des exploitations, les mesures de prévention des maladies et des blessures devraient améliorer le bien-être animal. En supposant une plus grande longévité et une augmentation de la productivité par vache, les émissions de gaz à effet de serre par kilo de lait produit devraient être réduites. En outre, la séquestration du carbone et la gestion du fumier devraient également contribuer à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en apportant des solutions durables pour l’énergie (par exemple la production de biogaz pour le transport et le chauffage des étables), renforçant au passage la durabilité environnementale. »

10% de bio en 2030

« Entre 2005 et 2016, la taille moyenne des exploitations laitières de l’UE a augmenté de 53% (47 vaches par exploitation en 2016). Cela a permis une plus grande efficacité. Entre 2010 et 2020, l’augmentation de rendement est estimée à environ 20% (7 400 kg par vache en 2020). D’ici à 2030, le rendement moyen devrait encore augmenter pour atteindre 8 300 kg par vache et les écarts de productivité entre les États membres de l’UE continuer à se réduire. La croissance projetée des rendements (+1,4% par an) est inférieure à celle des dernières années, dans une certaine mesure en raison d’une segmentation supplémentaire. La part de la production de lait biologique devrait être de 10% en 2030 (3,5% en 2018), mais d’autres systèmes pourraient également gagner (par exemple le lait de foin ou le lait sans OGM). Cela devrait limiter le déclin du cheptel laitier. Néanmoins, d’ici à 2030, le troupeau laitier pourrait être ramené à 19,2 millions de têtes (-7% par rapport à 2020). »

« En dépit d’une croissance plus faible de la production laitière de l’UE, l’augmentation de la matière grasse laitière et la teneur en solides non gras du lait devrait fournir suffisamment de matière utile pour soutenir les besoins de la transformation, et la valeur des produits fabriqués. Les principaux moteurs sont la génétique et les stratégies d’alimentation ciblées. La croissance dépendra de la structure du cheptel laitier dans les États membres de l’UE en expansion et pourrait varier d’année en année, selon les conditions météorologiques et le prix des aliments. D’ici à 2030, la disponibilité en matière grasse laitière devrait augmenter de 0,8% par an et la disponibilité en solides non gras du lait de 0,9%. »

+ 15 Mt de lait par an

« D’ici à 2030, la croissance de la production laitière en Nouvelle-Zélande sera limitée (+0,4% par an) par un besoin de durabilité, en dépit de rendements croissants. Aux États-Unis, la production pourrait croître de 0,8% par an. La contribution de l’UE à la croissance de la production mondiale de lait devrait être la plus forte parmi les trois principaux exportateurs (environ 7%). »

« La production laitière mondiale devrait augmenter de plus de 15 Mt par an, principalement dans les pays en développement. Plus de lait doit être collecté via des canaux formels grâce à une augmentation des capacités de traitement et à des investissements agricoles permettant de soutenir la croissance des rendements. Afrique, Chine, Russie, Brésil et Argentine pourraient dépasser leurs taux de croissance passés, tandis que l’Australie et l’Ukraine ne devraient probablement pas inverser leur déclin. »

Les Etats-Unis se renforcent

« D’ici à 2030, la production croissante dans les pays en développement devrait améliorer leur autosuffisance. Néanmoins, la croissance démographique, l’augmentation des revenus et l’expansion de l’urbanisation soutiendront toujours la croissance des importations de produits de base pour la transformation et celle de produits laitiers à plus forte valeur ajoutée. On s’attend à ce que ces derniers satisfassent une demande croissante de produits nutritionnels spécialisés, en accord avec l’occidentalisation des cultures alimentaires et les changements de mode de vie. De plus, une segmentation supplémentaire de la demande est attendue. »

« La croissance des importations mondiales de produits laitiers devrait ralentir : +1,3 Mt par an d’ici à 2030, contre +2,3 Mt par an au cours des dix dernières années. La croissance annuelle pourrait être divisée par deux pour le lait écrémé en poudre et réduite d’un tiers pour le lait entier en poudre. En revanche, les fromages, le beurre et les poudres de lactosérum devraient être moins affectés par ce ralentissement. »

Hausse des exportations de l’UE

« Avec le ralentissement attendu de la croissance des importations mondiales, les exportations de l’UE devraient croître moins rapidement d’ici à 2030 que pendant les 10 dernières années (environ +2% par an). Néanmoins, l’UE devrait rester le premier exportateur de produits laitiers (28% du commerce mondial en 2030). La Nouvelle-Zélande devrait perdre 2 points de part de marché, et les États-Unis en gagner 2). Dans le même temps, la valeur des exportations de l’UE devrait croître d’environ 3% par an, grâce aux fromage (50% des gains) et aux poudres écrémées (32%). »

« Au cours des 10 prochaines années, davantage d’exportations devraient provenir d’autres régions, par exemple d’Amérique du Sud. Leur concurrence devrait s’exercer sur les produits laitiers fortement axés sur les prix (les poudres par exemple) alors que les marchés de produits à valeur ajoutée (notamment les fromages et le beurre) devraient être dominés par l’UE, la Nouvelle-Zélande et partiellement aussi les États-Unis. Les nouveaux arrivants doivent faire face à des coûts d’entrée plus élevés pour s’imposer sur des marchés caractérisés par des normes existantes déjà élevées et des flux de production sophistiqués. »

BC

A télécharger : Prévisions agricoles 2020-2030 (Commission européenne, 16 décembre 2020, en anglais)

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