Protéines : « créer de la dynamique »

Le plan protéines arrive au niveau des éleveurs qui vont bénéficier d’aides à l’achat de semences ou de matériels, annonce Julien Denormandie, ministre de l’agriculture.

Julien Denormandie, ministre de l’agriculture et de l’alimentation, a détaillé, le 1er décembre en visioconférence, le plan de développement des protéines végétales inclus dans le plan de relance du gouvernement, « France Relance ». Doté de 100 millions d’euros (en cours de vote au Parlement), non compris les financements qui pourront être apportés par Bpifrance et le Programme d’investissements d’avenir (PIA), le plan protéines poursuit trois objectifs : diminuer la dépendance aux importations (souvent OGM) en provenance d’Amérique du sud notamment ; diminuer la déforestation importée (la forêt amazonienne recule au profit des plantations de soja) ; gagner en compétitivité tout en créant de la valeur en France.

Le plan protéines s’articule autour de trois grands axes :

  • porter la surface en légumineuses de 1 million d’hectares actuellement à 1,4 Mha dans trois ans et 2 Mha dans dix ans (soit 8% de la SAU) : 50 M€ y seront consacrés à fins de structuration des filières ;
  • accroître l’autonomie des élevages : 10 M€ permettront aux exploitants d’acheter des semences permettant d’accroître la productivité protéique des prairies (aide de 40 % à l’achat) ; 10 M€ favoriseront l’achat de matériels (barres de fauches, toasteurs de soja…) permettant la culture ou la transformation des plantes riches en protéines ;
  • renforcer la R&D sur les semences de légumineuses et d’oléo-protéagineux (20 M€ pour les instituts techniques) et sur les nouvelles protéines (ex : les farines d’insectes pour la pisciculture).

« Le plus dur, c’est de créer de la dynamique » et de la maintenir sur le long terme, constate Julien Denormandie qui a souhaité signer une « charte d’engagements réciproques » avec les filières directement concernées par le plan protéines : les interprofessions des huiles et protéines végétales (Terres Univia) et celles des viandes (Interbev), l’Institut de l’élevage et l’Inrae. Leurs responsables ont témoigné, à la suite du ministre, de leur pleine implication dans ce plan protéines qui démarrera au 1er janvier 2021.

Lupin, pois, féverole…

Les fabricants d’aliments (Snia) font part, eux aussi, de leur « satisfaction ». « Nous avons été entendus et écoutés. Les moyens alloués constituent une vraie rampe de lancement. C’est une vraie opportunité pour la partie animale de faire tourner la partie végétale », réagit François Cholat, président du Snia. Il note que les importations françaises de soja sont tombées de 5 millions de tonnes (Mt) à 3,1 Mt en quinze ans grâce au développement des tourteaux de colza et de tournesol ex-biocarburants. Ce plan protéines peut permettre d’améliorer l’offre variétale en oléagineux et de relancer le lupin, le pois ou la féverole, selon les aptitudes régionales, ajoute-t-il. Son collègue Henri Tromelin (Finistère) invite à « ne pas diluer » les crédits disponibles entre un trop grand nombre d’initiatives : les choix de variétés doivent s’accorder à des démarches de qualité, estime-t-il.

La Confédération paysanne « se félicite de constater la prise de conscience unanime du ministère et de toute la filière quant à l’importance et à la nécessité de l’autonomie des fermes sur le sujet. Cependant, cette présentation ne dit rien des difficultés et des impasses qui existent que sont l’ultra spécialisation des territoires et l’intensification des élevages (…) L’autonomie ne se gagne pas par un renforcement des équipements mais par un changement des pratiques. L’idéal est de pouvoir amener les bêtes au pré et non de s’équiper davantage pour transporter plus vite, en plus grosse quantité, de l’herbe ou des tourteaux jusqu’à elles », estime le syndicat.

BC

A consulter : lien vers la téléprocédure (FranceAgriMer)

A télécharger :

Plan de structuration des filières de protéines végétales (FranceAgriMer, 28 décembre 2020)

Foire aux questions sur le plan protéines (FranceAgriMer)

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