Eleveurs bio dans le Finistère, Guylène et Gilbert Tromeur ont mis en place un système simple, peu contraignant et rémunérateur grâce au choix de la race Jersiaise.
Au Gaec Pen Ar Ven, à Collorec (Finistère), 120 Jersiaises passent la majeure partie de leur temps à pâturer dans un environnement bocager exceptionnel. Les haies, valorisées en bois, les protègent des vents et du soleil, tandis que 60 km de talus jalonnent la propriété, assurant le maintien des sols dans ce secteur vallonné. En 2009, Gilbert et Guylène Tromeur ont converti cet îlot de verdure à l’agriculture biologique. « Nous préservons notre santé et celle de nos enfants », assure l’éleveuse. Généreux, l’espace herbager s’étale sur 85 ha d’un seul tenant où poussent ray-grass anglais, fétuque des prés et trèfles blancs. « Ici, on sert un plat unique : l’herbe », plaisante Gilbert Tromeur. « Une herbe, pâturée du 1er avril au 1er novembre, puis distribuée en enrubannage l’hiver. Si la météo le permet, les vaches sortent aussi pâturer le colza. » Les Jersiaises n’ont pas toujours été là. Leur arrivée marque l’aboutissement d’une longue transformation engagée dès le début des années 2000.
De la Holstein à la Jersiaise
Le troupeau de Holsteins, hérité des parents de Gilbert, a d’abord été remplacé par des Simmentals afin de mieux valoriser les terres. « Notre marge céréalière était mauvaise », explique Guylène. La mixité de la Simmental s’impose alors comme un véritable atout. « C’est une race fertile, au rendement carcasse intéressant, idéale pour améliorer le produit viande », commente Gilbert. Au fil du temps, le couple construit un système dans lequel la gestion du temps de travail occupe une place stratégique. La monotraite du dimanche est instaurée dès 2002, puis un voyage en Irlande crée le déclic. « Nous avons rencontré une éleveuse pratiquant la monotraite pour pallier à l’absence de son mari malade. En l’écoutant, on s’est dit qu’on n’était pas engagé sur le bon chemin ! », s’exclame Guylène. De retour en Bretagne, le couple sollicite une expertise auprès de la chambre d’agriculture, qui conclut que « techniquement et financièrement, c’était faisable. » La bascule se fait rapidement. « Nous étions prêts, l’exploitation aussi. » Les Simmentals, moins adaptées à la monotraite, sont progressivement remplacées par des Jersiaises. « C’est une race fertile, légère et performante, avec un bon rendement carcasse. Elle nous plaît beaucoup. »
Un système très rémunérateur
La conduite en 100 % herbe et monotraite libère du temps et réduit les charges de structure. « Notre système est basique, transposable et facile à prendre en main lors d’un remplacement. Notre seul delta, c’est la reproduction. » Quelques soient les aléas, Guylène et Gilbert Tromeur ne dévient pas de leur système. « Notre stock fourrager est tributaire de la météo. En 2022, lors de la sécheresse, nous avons préféré vendre 15 vaches plutôt que modifier l’alimentation pour tenir la production. Nous acceptons 10 % d’écart entre les objectifs et les résultats » , assure l’éleveur. Les taux du lait rémunérateurs sont leur assurance conjoncturelle. « Nous visions une valorisation à 100 €/1000 l. Aujourd’hui nous sommes à 213 €/1000 l, ce qui nous fait une plus-value annuelle de 81 600 €. » Actuellement, les prix de base du lait bio suivent ceux du conventionnel. « Mais grâce aux bons taux, 65,72 en TB et 42,57 en TP, on s’en sort bien. Sur la campagne 2024, le prix moyen valorisé était de 726 €/1000 l. » Cette stratégie, associant un conduite d’exploitation simple et une valorisation par les taux permet aux associés de se rémunérer à hauteur de 40 €/h.
NB
Retrouvez l’intégralité de cet article dans le numéro de Grands Troupeaux Magazine consacré à la race Jersiaise (Juin/Juillet 2025).