Agriculteur, un métier stressant

Bruit, manque de reconnaissance, confusion entre travail et vie personnelle : le métier d’agriculteur ne prédispose pas au « bien-être psychologique », indique une étude du ministère de la santé.

Pour un peu plus du tiers des actifs en emploi, le travail favorise le développement des capacités et du bien-être, indique le rapport. La contribution du travail au bien-être psychologique respecte le gradient social habituel : les plus diplômés et qualifiés ont un travail plus épanouissant. Toutefois, des professions relativement peu qualifiées et à grande majorité féminine, telles les assistantes maternelles, les coiffeurs ou les employés de maison, figurent également parmi les métiers pour lesquels le travail contribue le plus au bien-être. À l’autre extrême, un actif sur dix environ se trouve dans une situation de travail très délétère pour son bien-être psychologique, avec un cumul d’expositions de tous ordres, physiques, organisationnelles et psychosociales. Des professions comme celles de caissières, de cuisiniers, d’infirmières, d’aides-soignantes, d’ouvriers des industries graphiques ou de la métallurgie, d’employés de banques, sont surreprésentées dans ces situations préoccupantes qui appellent sans doute un effort particulier pour les politiques de prévention. Les conflits éthiques (« travail empêché » notamment pour les professions de santé) et l’insécurité socio-économique (pour les ouvriers) structurent des situations intermédiaires qui concernent environ un tiers des actifs.

« Penser à trop de choses à la fois »

Le bruit et l’insécurité socio-économique concernent particulièrement les agriculteurs et les ouvriers, dont « le bien-être est plutôt affecté négativement par le travail ». Les indépendants – dont les agriculteurs – signalent un manque de soutien social et de reconnaissance ainsi que des difficultés de conciliation du fait de l’indistinction entre travail et vie personnelle, mais sont relativement épargnés par les conflits éthiques et disposent d’une forte autonomie.

Si l’indicateur d’intensité du travail apparaît relativement faible pour les indépendants, c’est que trois des six variables qui le composent (« recevoir des ordres ou des indications contradictoires », « effectuer une quantité de travail excessive » et « être soumis à trois contraintes de rythme de travail ») les concernent moins (environ un indépendant sur cinq est concerné par chacune de ces trois variables contre deux salariés sur cinq), même s’ils sont plus souvent amenés à devoir « penser à trop de choses à la fois » (64 % des indépendants – agricoles ou non – contre 38 % des salariés).

« Invisibles »

Le rapport classe les agriculteurs dans la catégorie des « invisibles » ou des « isolés » : ils ont le sentiment d’un travail bien fait et utile, mais manquent de reconnaissance et n’ont que rarement la possibilité de développer leurs compétences. Ce sont plus souvent des femmes, des seniors, des personnes qui travaillent dans de petits établissements, ou qui occupent des fonctions de nettoyage ou de soins. Les métiers les plus concernés sont les assistantes maternelles, les coiffeurs, les employés de maison, les aides à domicile, les ouvriers de l’artisanat, mais aussi des artisans indépendants (bouchers-charcutiers, patrons de restaurants, agriculteurs…). Du côté des conditions de travail, ils connaissent plus souvent la pénibilité physique et manquent de soutien des chefs et des collègues.

L’étude du ministère de la santé distingue quatre autres catégories de travailleurs : les « insécurisés » (ouvriers, artistes, femmes, CDD…), les « satisfaits » (cadres, ingénieurs, hommes, fonctionnaires, médecins…), les « empêchés » (professions paramédicales, cadres de la Fonction publique, enseignants, policiers…) et les « mécontents » (ouvriers, caissières, employés…). Nul doute cependant qu’une partie des agriculteurs se sentent proches de l’une ou l’autre de ces quatre autres catégories de travailleurs…

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