IBR : la France monte en gamme

La Commission européenne a approuvé le programme français de lutte contre la rhinotrachéite infectieuse bovine (IBR). Les échanges d’animaux devraient gagner en sérénité.

En février 2020, la France avait transmis à Bruxelles des justifications en vue d’obtenir l’approbation de son programme national de lutte contre l’IBR. L’objectif était double : bénéficier d’allégements dans la recherche de l’IBR parmi les animaux commercialisés ; pouvoir prétendre à des garanties additionnelles pour tout bovin importé depuis les pays de statut sanitaire moindre. « La reconnaissance du programme français avant avril 2021 constitue un enjeu majeur, tant sanitaire qu’économique, pour la filière bovine française afin de maintenir des garanties aux échanges », résumait Bruno Ferreira, directeur général de l’alimentation (DGAL), devant les GDS réunis le 10 septembre dernier à Rodez.

C’est désormais chose faite avec la décision 2020-1663 du 6 novembre 2020, publiée le 10 novembre 2020 au Journal officiel de l’UE, qui range la France métropolitaine (hors Corse) dans l’annexe 1 (1), au côté de la Belgique, du Luxembourg et de la Province autonome du Trentin en Italie. La même décision place la Tchéquie dans l’annexe 2 (2), celle des pays ou des régions réputés indemnes d’IBR : Allemagne, Danemark, Autriche, Finlande, Suède, la Province autonome de Bolzano en Italie, ainsi que Jersey au Royaume-Uni.

200 M€ économisés

En pratique, la reconnaissance du programme national de lutte contre l’IBR va permettre d’exporter des bovins français vers la Belgique, le Luxembourg ou le Trentin – de même statut sanitaire que la France désormais – sans quarantaine ni dépistage de l’IBR, explique David Ngwa-Mbot, vétérinaire conseil chez GDS France. Cela ne changera rien vers l’Allemagne ou le Danemark, qui se situent toujours « un cran au-dessus de nous », ni vers l’Espagne, que la France a prise de vitesse dans la reconnaissance de son plan de lutte. En revanche, les exportateurs espagnols font face à des exigences sanitaires supplémentaires s’ils veulent vendre des bovins en France.

La reconnaissance du plan de lutte français contre l’IBR prend une importance particulière dans la perspective de l’entrée en application, en avril 2021, de la nouvelle loi européenne de santé animale (LSA). Les 90 % de troupeaux bovins déjà qualifiés (sur un total de 170 000) sont dispensés de nouvelles dépenses de prophylaxie alors que les 10 % restants vont devoir se mettre à niveau dans les six ans suivant l’entrée en application de la LSA. Il leur en coûtera entre 1 000 et 1 500 € par an jusqu’à obtention de la qualification, au lieu d’environ 200 € pour les autres, évalue David Ngwa-Mbot. A l’échelle de la filière, cela représente une économie de l’ordre de 200 millions d’euros en 2021/2022 (30 M€ au lieu de 230 M€).

La situation française

« Au 31 mai 2019, on enregistrait en France métropolitaine 3,2 % (5 404) de troupeaux ayant au moins un animal séropositif (y compris les animaux non infectés et vaccinés), contre 4 % sur la précédente campagne. Cette prévalence s’élevait à 9 % en juin 2016 », indique GDS France dans le rapport moral publié à l’occasion de son assemblée générale 2020.

« Actuellement, la prévalence troupeau varie selon les départements de 0 à 45 % avec une médiane à 2,09 %. La prévalence animale au 31 mai 2019, y compris des animaux non infectés et vaccinés, était de 1 % (132 161) sur près de 13 millions d’animaux de plus de douze mois au 31 mai 2019. Cette prévalence animale intègre les ateliers d’engraissement qui sont un circuit spécifique pour ces animaux avant abattage. Par comparaison, il y avait 230 000 animaux positifs en 2016. Parmi les 169 769 troupeaux négatifs au début de la campagne 2018-2019, 738 troupeaux nouvellement infectés ont été mis en évidence durant cette campagne. »

BC

(1) Voir l’article 9 de la directive CEE 64-432

(2) Voir l’article 10 de la directive CEE 64-432

A télécharger :

Conditions aux échanges vis-à-vis de l’IBR (ministère de l’agriculture, 22 janvier 2021)

Le cheptel bovin au 1er octobre 2020 (FranceAgriMer, 6 novembre 2020)

Les risques d’infection liés aux échanges d’animaux d’élevage (ministère de l’agriculture, décembre 2020)

 

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