Pollutions électromagnétiques : halte au dénigrement

Des éleveurs de Loire-Atlantique, d’Ille-et-Vilaine et de la Somme co-signent un manifeste dénonçant le dénigrement des éleveurs victimes de perturbations électromagnétiques provoquées par des parcs éoliens.

Le manifeste de huit éleveurs  dénonce une campagne médiatique menée contre les géobiologues et, par ricochet, contre le monde agricole, accusés de pratiques pseudo-scientifiques. Selon les auteurs, si la géobiologie ne produisait aucun effet, elle ne serait pas autant sollicitée par les agriculteurs et les filières d’élevage.

«  Stop au dénigrement des éleveurs ! » , dénoncent les auteurs.

Deux reportages télévisés récents, diffusés sur M6 (11 janvier 2025) et France 2 (19 mai 2025), sont perçus comme des attaques injustes. Le reportage de France 2 est notamment critiqué pour avoir été commenté par un promoteur éolien anonyme, alors que les éleveurs y apparaissent à visage découvert.

Les éleveurs, particulièrement en Pays de la Loire, affirment subir des perturbations électromagnétiques causées par les parcs éoliens, affectant la santé et le comportement de leurs animaux. Une enquête de terrain permettrait, selon eux, d’identifier un parc éolien précis (le parc du Nilan, exploité par EnergieTeam) comme source de ces problèmes. Ils appellent à plus de transparence, au dialogue et à la reconnaissance officielle des troubles. Grâce aux données issues de la robotique agricole, ils estiment pouvoir prouver l’existence de ces nuisances. Ils dénoncent enfin le mépris des opérateurs éoliens, avertissant que cela pourrait entraîner leur exclusion des futurs projets sur le territoire agricole. Les éleveurs co-signataires de ce manifeste sont Fabien Pineau (Loire-Atlantique),  Céline Bouvet (Loire-Atlantique),  Sylvie Bignon (Loire-Atlantique), Pascale Durand (Ille-et-Vilaine), Michel Baron (Loire-Atlantique), Didier et Murielle Potiron (Loire-Atlantique) et Yann Joly (Somme).

Le témoignage de Fabien Pineau

En Loire-Atlantique, l’éleveur laitier Fabien Pineau avait tiré la sonnette d’alarme en 2024. Ses vaches sont malades et la production laitière est en chute depuis les travaux de fondation des six éoliennes du parc du Haut-Vignoble, à la Remaudière.  Durant six mois, Fabien Pineau a cru aux bienfaits d’une négociation à l’amiable, dans la discrétion des échanges menés avec la chambre d’agriculture des Pays de la Loire, le promoteur éolien Energieteam et le distributeur d’électricité Enedis. L’éleveur a attendu, mais n’a rien vu venir tandis que l’état de santé de ses vaches se dégradait. « Je ne peux plus rester silencieux ». Installé en 2017 à la suite de ses parents, à la tête d’un troupeau de 65 Holsteins, Fabien Pineau modernise l’exploitation tandis qu’un atelier de transformation fromagère se met en place sur la ferme. Un projet rentable, dont la pérennité n’est plus assurée. Au printemps 2023, les fondations du parc éolien du Haut-Vignoble, à la Remaudière, sont coulées à moins d’un kilomètre de la ferme et le câblage électrique souterrain est déroulé. « Dès juin, la production laitière chute. Mes vaches refusent d’aller à la traite. Je suis obligé de les pousser ». Les journées de travail s’allongent, jusqu’à cinq heures de plus par jour, « surtout cet hiver ». Les problèmes sanitaires n’ont pas de causes évidentes et les traitements sur les animaux malades sont sans effet. « Les vaches font des mammites à répétition. Les problèmes de boiterie se multiplient et la croissance des jeunes est ralentie ». Après la mise sous tension du parc en février 2024, trois vaches décèdent, « dont deux en quinze jours, juste après le vêlage ». La perte économique de l’exploitation approche les 100 000 €. Fabien Pineau réclame l’arrêt du parc afin d’observer l’évolution du troupeau. Le 8 juillet, sa demande a été conditionnée à l’activation d’un GPSE(1). « Si j’accepte, je signe mon arrêt de mort ! La vérité doit éclater sans passer par ces stratégies destructrices du monde agricole ! », tempête le jeune éleveur, en contact avec plusieurs agriculteurs de Loire-Atlantique en grande difficulté depuis la construction de parcs éoliens près de leurs exploitations.

Erwan Le Duc et Nathalie Barbe

Retrouvez l’intégralité du témoignage dans le numéro de septembre 2024.

(1) GPSE :  Groupe permanent pour la sécurité électrique dans les élevages,  dont le fonctionnement et les expertises sont financés par les différents opérateurs électriques français.

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