La maladie hémorragique épizootique (MHE) interdit l’envoi, vers d’autres pays de l’UE à des fins d’élevage, de tout ruminant issu d’exploitations situées à moins de 150 km de chaque foyer.
« Le ministère de l’agriculture a annoncé ce matin la découverte de trois foyers de MHE dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées », rapporte la Confédération paysanne dans un communiqué du 21 septembre. « Pour près du quart sud-ouest de la France, la détection de cette maladie entraîne l’interdiction d’exporter hors de France tous les bovins, ovins, caprins, sauf s’ils sont destinés à être abattus. »
« La Confédération paysanne s’étonne de ces restrictions drastiques imposées par la réglementation européenne, pour une maladie purement commerciale qui n’est pas transmissible à l’Homme et provoque peu de signes cliniques chez les ruminants et quasiment aucune mortalité. Elles auront des conséquences dramatiques pour les élevages, dans le contexte actuel des filières : plus d’un tiers des bovins de race allaitante sont destinés à être exportés à l’étranger, principalement en Italie et en Espagne. C’est donc le revenu des éleveurs et des éleveuses qui est directement menacé par ces mesures commerciales. »
Par suite, « la Confédération paysanne demande :
– la révision urgente du règlement européen qui impose les restrictions à l’exportation ;
– l’instauration d’un plan d’aide destiné à couvrir les pertes économiques subies par les paysannes et paysans ;
– la plus grande prudence par rapport au seul mode de prévention promu par les pouvoirs publics et la filière, c’est-à-dire la désinsectisation des animaux, qui peut causer d’importants dégâts dans l’environnement alors que son efficacité est remise en question ;
– la mise en place d’un plan national de relocalisation de la filière bovine, s’inspirant des nombreuses expériences paysannes en la matière sur les territoires, pour diminuer notre dépendance aux exportations. »
« L’État doit être au rendez-vous pour protéger les éleveurs et les éleveuses face à cette nouvelle crise d’ampleur », conclut la Confédération paysanne.
BC
A télécharger :
La situation au 5 octobre 2023 (ministère de l’agriculture)
Bulletin de veille sanitaire du 26 septembre 2023 (Plateforme ESA)
Emergence de la MHE en France (Plateforme ESA, 21 sept. 2023)
Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 21 sept. 2023)
LES REACTIONS
« Les éleveurs s’inquiètent » (Modef)
« La maladie hémorragique épizootique (MHE) vient de toucher pour la première fois la France avec 3 élevages bovins et ovins atteints dans le Pays basque français », écrit le Modef dans un communiqué du 27 septembre. « C’est une maladie vectorielle transmise par les moucherons hématophages du genre Culicoïdes comme pour la fièvre catarrhale ovine (FCO). La MHE provoque aussi des signes cliniques très proches de ceux de la FCO avec une fièvre importante, de l’apathie, de l’anorexie, un amaigrissement, des boiteries, des lésions buccales et des difficultés respiratoires. Elle n’est pas transmissible à l’Homme. »
« La MHE est une maladie réglementée au niveau européen. Les pays impactés ont l’obligation d’instaurer des mesures de surveillance afin de suivre l’évolution de la maladie. La réglementation interdit l’envoi, vers d’autres États membres de l’Union Européenne à des fins d’élevage, de tout ruminant provenant des exploitations situées dans un rayon de 150 km autour de chaque foyer. »
« L’arrêt des mouvements concerne à ce jour 6 départements en totalité (64, 65, 40, 32, 31 et 09) et 6 départements le sont pour partie (33, 47, 81, 82, 11, 66). Depuis le 22 septembre, les bovins et les petits ruminants dans la zone de 150 km autour de ces foyers ne peuvent plus être rassemblés pour être envoyés aux échanges intra-communautaires. »
« Les paysans sont très inquiets par l’arrêt de la commercialisation des broutards vendus en Italie et en Espagne. En 2022, 868 187 bovins maigres ont été vendus à l’étranger. Avec ces interdictions, les éleveurs vont devoir les engraisser à condition d’avoir de la place et surtout de trouver de la nourriture. »
« Les petits et moyens producteurs vont être les premiers à faire les frais de cette restriction d’exportation. L’élevage traverse une crise profonde et notre agriculture est menacée de jour en jour. L’Institut de l’élevage a publié début septembre ses indicateurs de prix de revient pour les éleveurs de bovins viande. Le prix de revient d’un broutard est de 4,09 €/kg vif et les cotations sont de 3,56 €/kg vif. Les prix payés aux producteurs ont augmenté, mais cela ne compense pas la flambée des coûts de production. »
« Cette crise supplémentaire risque d’accélérer la faillite de certains éleveurs ou, pire, des suicides. Le Modef demande : une aide exceptionnelle pour maintenir les animaux dans les fermes, la relocalisation de la production de la viande bovine en développant l’engraissement sur notre territoire plutôt que d’envoyer les jeunes bovins vers l’Italie et l’Espagne, une consommation à 100 % de viandes françaises dans la restauration collective, la fixation d’un prix plancher par production, l’interdiction de la vente à perte. »