Un « nouveau » salariat agricole

« La population de non-salariés va continuer à décroître fortement dans les dix années à venir, posant la question de leur substitution, totale ou partielle, par des salariés directs d’exploitations ou de tiers employeurs et prestataires », souligne un rapport.

Les nouvelles formes de travail examinées par le Conseil général de l’agriculture (CGAAER) correspondent aux modes de mobilisation de main d’œuvre agricole autres que les formes classiques que sont le non-salariat agricole (NSA) et le salariat des exploitations. Ce sont les entreprises de travaux agricoles (ETA), les groupements d’employeurs (GE) et coopératives d’utilisation de matériel agricole (Cuma), l’intérim national, le travail détaché, l’insertion par l’activité économique (IAE), voire l’autoentrepreneuriat, les plateformes numériques, et diverses formes de bénévolat (stages, wwoofing).

« La forte progression, depuis dix ans, des nouvelles formes de travail en agriculture constitue une évolution majeure de l’emploi en agriculture. Ces formes représentent aujourd’hui plus du tiers de l’emploi salarié des exploitations agricoles et leur progression révèle des enjeux à la fois agroécologiques, sociaux, économiques et de souveraineté alimentaire », souligne le rapport.

Agronomie et social : deux enjeux majeurs

« La priorité donnée à la transition agroécologique dans le volet agricole du Plan France relance et les orientations de la nouvelle Pac interrogent sur la capacité des nouvelles formes à accompagner et amplifier les transformations en cours. Le développement des ETA et Cuma peut y contribuer, par la maitrise des intrants et le développement d’une agriculture de précision. Ce développement comporte cependant un risque d’appauvrissement des assolements avec ses conséquences agronomiques. Les systèmes agronomiques doivent demeurer maîtrisés par l’exploitant. »

« Les enjeux sociaux sont majeurs. La population de non-salariés va continuer à décroître fortement dans les dix années à venir, posant la question de leur substitution, totale ou partielle, par des salariés directs d’exploitations ou de tiers employeurs et prestataires. L’évolution qui se dessine est très largement en faveur de ces derniers qui offrent dans l’ensemble des conditions de travail équivalentes ou supérieures à celles de l’emploi direct, à l’exception notable du détachement. »

La « consistance » du métier d’agriculteur en jeu

« Le recours aux diverses formes de travail est opéré en fonction de considérations économiques. Les conséquences économiques des choix sont à examiner par filière de production, notamment celles concernées par des investissements importants ou par de forts besoins de main d’œuvre. Ceci posé, l’élargissement des réponses possibles du fait de la diversité des formes de travail mobilisables peut générer des évolutions allant jusqu’à remettre en question la consistance du métier d’exploitant agricole », souligne le rapport.

« Enfin, la souveraineté alimentaire suppose qu’un ensemble de leviers soient actionnés, parmi lesquels l’accès à de la main d’œuvre en nombre, expérimentée, qualifiée et aisément mobilisable. Ce facteur essentiel de production doit être mieux maîtrisé. La mobilisation du marché de l’emploi national ne sera pas suffisante, d’où l’importance du recours à la main d’œuvre étrangère, communautaire ou non, et sa nécessaire sécurisation. Les GE peuvent être des couteaux suisses pour ce faire », estime le CGAAER dans sa conclusion.

BC

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