Le Congrès annuel de Culture Viande a révélé une situation préoccupante pour l’industrie française de la viande. Tous les indicateurs montrent que les entreprises du secteur sont aujourd’hui en grande difficulté.
Une situation économique critique
La situation financière des filières de la viande se dégrade à un point alarmant. Selon l’Observatoire de Formation des Prix et Marges, pour la première fois, le RCAI (Résultat Courant Avant Impôts) est négatif, avec des chiffres inquiétants :
- -0,9 % pour la filière bovine
- -1,7 % pour la filière porcine
Une production en chute libre
La décapitalisation du cheptel français se poursuit à un rythme soutenu. Entre 2016 et 2023, la France a perdu 2,6 millions de bovins, soit une diminution de 13,2 % de ses effectifs. La filière porcine a également été durement touchée, avec une perte de 3,2 millions de porcs entre 2012 et 2022, soit une baisse de 20 % en dix ans. Cette baisse massive a entraîné une réduction notable des niveaux d’abattage :
- -4,1 % pour les gros bovins
- -8 % pour les ovins
- -4,9 % pour les porcs
La souveraineté alimentaire en danger
Ces chiffres soulignent une menace croissante pour la souveraineté alimentaire française. La France est désormais importatrice nette de viande bovine, avec un taux d’autosuffisance qui n’est plus que de 90 %. Pour la filière porcine, la situation est similaire, avec un taux d’auto-approvisionnement qui est devenu déficitaire, atteignant 99,3 % en juin 2024.
Consommation : vers une dépendance accrue aux importations
Les habitudes de consommation évoluent dans un contexte de hausse des coûts de production et d’inflation, entraînant une baisse de 3,7 % de la consommation de viande de boucherie en 2023. De plus, la restauration hors domicile (RHD) gagne en importance, représentant désormais 24 % des volumes de viande bovine consommée, mais dépend fortement des importations (jusqu’à 55 % en 2022).
Dans les grandes surfaces, les consommateurs se tournent de plus en plus vers des produits transformés, comme la viande hachée (+3 % en 2023) et les plats préparés (+7 % en 2023), dont une part significative provient de l’importation (33 %).
Appel à une réforme des normes pour renforcer la compétitivité
Culture Viande critique la surtransposition des normes françaises qui pénalise les entreprises locales par rapport à leurs concurrents internationaux. L’organisation appelle les pouvoirs publics à cesser cette « spirale contre-productive » et à instaurer un cadre réglementaire stable pour permettre au secteur de rester compétitif.
Sauvegarder la souveraineté alimentaire française
Face à cette situation alarmante, Yves Fantou, président de Culture Viande, appelle à une action collective pour garantir l’avenir d’un secteur essentiel à la souveraineté alimentaire et agricole française.
« Soutenir l’industrie des viandes, c’est conforter notre élevage ! Si l’aval de la filière a besoin de l’amont, l’inverse est également vrai. Nous avons tous intérêt à trouver des solutions d’avenir pour tous les maillons de la filière ! C’est ainsi que nous pourrons assurer une production française et préserver notre souveraineté alimentaire », explique-t-il.
Une montée en gamme à condition d’avoir l’adhésion des consommateurs
Yves Fantou souligne que toute montée en gamme de la production ne doit se faire qu’avec l’assentiment des consommateurs. Il insiste sur l’importance de ne pas sacrifier la compétitivité de la production française au profit des produits importés.