Selon Idele, la production de viande bovine française devrait de nouveau baisser en 2025. La filière est dans le dure et rentre dans une spirale infernale.
Malgré des cours de la viande qui se maintiennent, la filière bovine française traverse une crise profonde. En 2024, les abattages de gros bovins restent inférieurs de 6,6 % à la moyenne quinquennale, tandis que ceux des veaux de boucherie chutent de 13,7 %. La tendance devrait s’aggraver en 2025. La filière fait face à une conjonction de difficultés : un contexte sanitaire dégradé entraînant une surmortalité et des problèmes de fertilité, une diminution continue des cheptels allaitants et laitiers depuis huit ans, ainsi qu’une baisse attendue des exportations de broutards, encore plus marquée qu’en 2024.
Si la consommation de viande en France devrait peu reculer, elle baissera moins vite que la production, entraînant une hausse des importations. En parallèle, les exportations de viande restent dynamiques, soutenues par la demande européenne pour les jeunes bovins.
Des labels de qualité en difficulté
La contraction du marché affecte particulièrement les produits sous Label Rouge. En 2023, la production de viande bovine Limousine a reculé de plus de 10 000 tonnes, soit une chute de 14,53 % des volumes commercialisés. Pour les veaux du Limousin élevés sous la mère, la baisse atteint 15,6 % (259 tonnes), et jusqu’à 30 % pour les veaux rosés et élevés sous la mère, plafonnant à 611 tonnes.
En 2024, les ventes de bœuf enregistrent une baisse d’environ 5 %, tandis que celles du veau et de l’agneau chutent de 10 %. À l’inverse, le porc tire son épingle du jeu avec une hausse de 15 %. De nombreux producteurs abandonnent l’élevage du veau et de l’agneau, jugés trop exigeants en investissement pour une rentabilité insuffisante. Face à cette situation, les distributeurs privilégient des produits plus accessibles pour répondre aux attentes des consommateurs. Par ailleurs, les abattoirs commencent à ressentir des tensions d’approvisionnement sur la viande bovine.
Des cours qui se tiennent
Malgré ces difficultés, les prix se maintiennent. Le cours de la vache O atteint 4,60 €/kg carcasse, soit une hausse de 4 centimes sur un mois et un niveau supérieur de 7,4 % à celui de décembre 2023. Il reste globalement 20,7 % au-dessus de la moyenne 2019-2023. Le veau de boucherie, quant à lui, affiche un prix de 7,35 €/kg carcasse, en hausse de 4,8 % sur un mois et de 14,8 % par rapport à la moyenne quinquennale. Le cours de la Blonde reste au dessus des 6 € et plus proche de 6,25 €.
Chute des exportations
La baisse des naissances entraîne un net recul des exportations de bovins d’élevage : – 17,3 % en novembre sur un an, et – 16,6 % par rapport à la moyenne 2019-2023. Les ventes de broutards chutent de 15,2 %, notamment en raison du recul des exportations de bovins mâles (-14,6 %). L’Italie, principal marché, affiche une baisse de 26 %, partiellement compensée par une hausse des ventes vers certains pays tiers, en particulier le Maroc. Quant aux exportations de veaux d’élevage, elles reculent de 22,4 %, avec une baisse marquée vers l’Espagne.