Bel reconduit son accord avec les producteurs de lait de l’Ouest en relevant le prix de base et en récompensant une alimentation animale « 100% européenne ». La FNPL n’est pas convaincue.
« L’accélération en matière de réduction des émissions carbone est au cœur de l’accord 2022 pour un lait plus durable et rémunérateur conclu ce lundi 6 décembre entre le Groupe Bel et l’Association des Producteurs de lait Bel de l’Ouest (APBO), pour la 5e année consécutive », annonce un communiqué commun.
Cet accord prévoit un relèvement du prix de référence (+2,6% à 377 €/1000 l) pour le lait intégrant l’alimentation non-OGM et le pâturage. S’ajoute « un nouvel engagement pour une alimentation animale 100% européenne, soutenu par une prime additionnelle (5 €/1000 l). » Le prix moyen du lait, toutes primes confondues, est ainsi projeté à 406 €/1000 l en 2022 par Bel et l’APBO (750 exploitations). Les volumes sont maintenus à 405 millions de litres.
En bio, le prix est maintenu à 478 €/1000 l en 2022 tandis que « les conversions sont suspendues dans l’attente de meilleures perspectives sur la filière ».
« Le compte n’y est pas » (FNPL)
« Si, de prime abord, le prix négocié semble satisfaisant, ce n’est en définitive pas le cas », réagit la FNPL dans un communiqué du 9 décembre. « Les anciennes fromageries Bel et les producteurs se sont engagés pour un lait certes plus durable, mais pas rémunérateur. L’accord propose 406 €/1000 l en moyenne sur 2022 pour du lait TPC/TQC, pâturage, alimentation des vaches sans OGM et sans approvisionnement extra européen… Dans leur communication, les anciennes fromageries Bel indiquent que les segmentations « alimentation des vaches sans OGM » et « pâturage » sont valorisés à 21 €/1000 l. Il est également indiqué que le bonus versé à partir d’octobre prochain rapportera, lui, 5 €/1000 l pour une alimentation 100% européenne. Si on enlève aussi les différentes primes de qualité, on arrive à un prix de base 38/32 à 356 €/1000 l : pas si brillant, non ? »
« Il manque au moins 30 €/1000 l pour pouvoir parler d’un lait rémunérateur qui permet aux éleveurs d’envisager un salaire décent. Les anciennes fromageries BEL peuvent négocier ce qu’elles souhaitent avec leur OP, ce n’est pas le rôle de la FNPL d’intervenir dans ces négociations, mais nous ne pouvons laisser dire que cet accord est rémunérateur pour les producteurs, c’est faux. Nous ne pouvons pas non plus laisser les anciennes fromageries BEL se féliciter d’un accord qui augmente la rémunération des producteurs de 2,6% quand les charges ont augmenté de 8% ces derniers mois. C’est de la communication mensongère, du « RSE washing » de base. On est même en droit de se demander si la communication sur cet accord n’est pas tombée un peu trop opportunément pour masquer les annonces faites par les anciennes fromageries sur ses engagements dans les alternatives végétales… Le compte n’y est pas et les vaches ne vont plus rire longtemps. »
BC
A télécharger :
Maîtriser les coûts de production en lait (Cniel, FranceAgriMer, déc. 2021)
Les fermes laitières de demain (Cniel, FranceAgriMer, Idele, Cerfrance)
La collecte se replie de 3,8% en semaine 47 (FranceAgriMer, 7 déc. 2021)