Dans le Morbihan, un élevage de Hereford, en quête de valeur ajoutée, a été sensible au discours d’Hervé Balussson, P.-D.G. d’Olmix, prônant l’intérêt des algues en tant qu’activateur de santé des animaux de boucherie et du consommateur. Une ration de finition à base d’extraits d’algues marines a ainsi été distribuée aux bovins de l’exploitation. La démarche a déjà séduit Yves-Marie Le Bourdonnec, boucher star de la région parisienne, adepte d’une longue maturation des viandes.
Depuis plusieurs années déjà, Hervé Balusson s’est fixé pour mission d’informer des bienfaits des algues et de leurs utilisations multiples et précieuses au sein de la chaîne alimentaire. Le week-end, il n’hésite pas à prendre son bâton de pèlerin pour convaincre les éleveurs de l’intérêt de cette démarche. Le visionnaire ne propose pas uniquement des solutions permettant d’obtenir de meilleurs résultats techniques, il a la vision d’une filière dont le modèle de réussite se rapproche du travail mené par Pierre Weil avec les omégas trois. Les résultats scientifiques mettant en lumière les capacités immunostimulantes des algues et notamment des polysaccharides sulfatés d’origine marine (PSP) se multiplient. Leurs actions portent aussi bien sur les animaux de rente que sur l’homme. Dans le centre Bretagne, sur la commune de Ménéac, Franck Deslandes a été séduit par cette approche, lui qui recherchait de la valeur ajoutée pour commercialiser la viande d’Hereford produite sur son exploitation. Reste ensuite à mettre en musique cette partition ardue. Les premières questions s’enchaînent : sous quelle forme les apporter, à quelle dose et à quelle période ? Les réponses sont complexes. Olmix a tout d’abord pensé à utiliser un jus d’algues, puis un marc. Toutefois, l’odeur de ces extraits a soulevé des problèmes d’appétence. La société a finalement développé un hydrolysat d’algues vertes et rouges broyées fixé sur des montmorillonites1. Des jus d’algues viennent ensuite renchérir ce mélange et le noyau minéral de PRP devrait également être ajouté. Le produit final se présente sous forme de semoulette à distribuer en mélange avec l’aliment. La dose retenue est de 300 grammes par jour et ce pendant les 100 jours de finition. Ces mélanges d’algues viennent compléter la ration de l’élevage à base de betterave, de foin, de paille, d’enrubannage, de minéraux, sans oublier un aliment de finition sans OGM. « L’apport des algues m’intéresse, aussi bien pour leurs effets sur la santé de mes animaux, que pour la qualité du produit fini. La santé constitue pour moi une priorité et ce, de l’auge de mes animaux, à l’assiette du consommateur. Nous devons répondre aux attentes des consommateurs et leur proposer un produit de plus en plus sain », précise Franck Deslandes.
12 bovins engraissés
Cet éleveur fournit depuis plus de six ans les boucheries bretonnes de qualité, ainsi que Yves-Marie Le Bourdonnec, boucher star de la place parisienne. Ce dernier lui paye 5 € le kilo. Il recherche des bêtes jeunes pour limiter la présence de collagène et mise sur la maturation des viandes pour exalter le maximum de saveur. L’ensilage de maïs est proscrit dans la finition des animaux. Une à deux carcasses par semaine peuvent être écoulées via ce créneau. Les algues ont été incorporées dans les rations de finition depuis le mois de janvier 2017. L’éleveur n’a pas noté de changements notables au niveau de la santé de ses bêtes, il faut dire que le recul n’est pas suffisant. Les premières carcasses ont été écoulées et aucun changement négatif de texture ou de saveur de la viande n’a été reporté et ce, bien au contraire ! Un bovin en broche a été dégusté lors du Breizh Algae Tour de septembre dernier. Tous les clients internationaux d’Olmix ont alors pu apprécier la grande qualité de la viande. Les bouchers ont noté de la tendreté et une viande bien persillée. Côté couleur, rien n’a changé par rapport aux bovins issus de l’élevage. Des échantillons de carcasses ont été envoyés à l’Inra de Theix pour estimer la tendreté, la jutosité de cette viande finie aux algues. L’objectif est de construire une filière qualité autour de cette initiative, une démarche intéressante pour une région où la filière qualité viande est assez peu développée. À ce jour, 12 animaux ont été engraissés avec des extraits d’algues. Olmix a déjà mené des tests d’analyses sensoriels sur des viandes de porcs et de volailles ayant bénéficié d’algues dans leur ration. La jutosité et la tendreté de la viande ont été améliorées. Les résultats pour la filière bovine sont attendus.
Erwan LE DUC