Depuis octobre, l’EARL du Champesjus mise sur la robotique. Les vaches produisent un supplément de 6 kg/vl/j. La montée cellulaire est restée quasi inexistante et les éleveurs n’ont fait aucune nuit blanche.

Damien Baron et son fils viennent de traverser une transition heureuse vers la robotisation. Leurs vaches se sont rapidement habituées à la nouvelle installation, sans que les éleveurs n’aient à passer de nuits blanches. Les laitières produisent davantage (+ 6 kg/VL/j), et ce, sans montée cellulaire, ou presque. « Après la mise en place, le premier comptage est monté à 250 000 cel/ml. Puis, on est redescendu au niveau que nous avions en salle de traite, pour finalement passer sous 100 000 cel/ml », souligne Damien Baron. Ce résultat est d’autant plus satisfaisant que l’éleveur a souhaité conserver une aire paillée. La mise en route a été relativement simple. Les éleveurs ont peu réformé : seulement deux à trois vaches pour des problèmes de cellules, et une vache pour une mauvaise implantation des trayons. Il faut dire que Damien Baron porte une attention particulière aux mamelles. S’il cherche la productivité, l’éleveur mayennais est également passionné de concours. Au final, l’association père-fils a opté pour les robots Merlin de Fullwood Joz. La proximité du concessionnaire, ainsi que la reprise de l’ancien Dac(1) et de l’ancienne salle de traite ont fait la différence. Côté prix, l’offre était également légèrement inférieure à la concurrence (248 000 € pour les deux robots).
Deux robots merlin
Le Merlin M2 est un robot tout électrique, qui fonctionne sur 220 V et bénéficie d’une protection par onduleur. « Le compresseur est nécessaire uniquement pour les portes, les vérins de décrochage et la purge de canne à lait. » La consommation électrique estimée atteint 12,4 kW pour 1 000 litres de lait. Le jour de la mise en route des robots, le cheptel a été scindé en deux lots. Les éleveurs ont poussé les vaches, un groupe après l’autre, deux fois par jour, pendant trois jours. Ils n’ont pas eu à passer de nuit blanche pour adapter le troupeau à la robotisation. « Le premier soir, nous avons quitté la stabulation vers 22h, après avoir poussé les vaches pour qu’elles se fassent traire deux fois par jour. En rentrant chez nous, nous avons entendu le robot, signe que certaines vaches avaient déjà compris le fonctionnement. Avec le Dac que nous utilisions auparavant, nos vaches étaient déjà habituées à rentrer dans une stalle pour manger des granulés. » Quatre mois après la mise en route, les vaches sont à 2,9 traites par jour, pour trois passages. Les éleveurs attribuent le bon fonctionnement du dispositif à l’absence de saturation des stalles.

Un nouveau logiciel de gestion de troupeaux
Les éleveurs utilisent le logiciel Fullsense, accessible depuis leur téléphone portable. L’écran d’accueil présente un tableau de bord récapitulant les informations statistiques liées au robot (nombre de traites et de visites par vache), celles liées aux laitières (productions individuelles, quantités d’aliments/100 kg de lait…), ainsi que les alarmes (qualité du lait, activité, chaleur…). Les vaches en retard ou celles dont le niveau de production réalisé ne correspond pas à l’attendu sont rapidement identifiées. Pour la gestion des mammites, les éleveurs disposent des données fournies par le compteur cellulaire FullCount, ainsi que les informations relatives à la conductivité mammaire par quartier. Quant aux colliers Aficollar, ils mesurent le déplacement des vaches, leur rumination et leur niveau d’ingestion. « Le risque de cétose et d’acidose n’est pas encore totalement opérationnel, car il repose sur le calcul du rapport TB(2) et TP(3), dont la mesure reste imprécise », souligne l’éleveur. Côté implantation, les éleveurs ont fait appel à Seenovia, et notamment au service de géobiologie. Pour le paramétrage des tables d’alimentation, le fabricant d’aliments Le Gouessant les a assistés. À la table d’alimentation, la ration est calée pour couvrir les besoins d’une production de 29 kg et se compose d’ensilage de maïs et d’herbe, de betteraves, de paille broyée, de farine de maïs, de matière grasse et de correcteurs azotés. Au robot, les vaches reçoivent en moyenne 3 kg d’une VL 4 litres et 1,6 kg d’un correcteur azoté tanné. En début de lactation, du monopropylène glycol vient également sécuriser la ration. Désormais, Damien Baron vise un million de litres de lait, sans trop agrandir le cheptel. « Je souhaite maintenir le pâturage pour favoriser le confort de mes vaches et leur bien-être », souligne-t-il. Et, ce n’est pas Jungle, une vache de 11 ans, en huitième lactation, qui dira le contraire ! L’exploitation compte déjà cinq laitières à plus de 100 000 kg et espère bien poursuivre dans cette voie.
ERWAN LE DUC
- Dac : Distributeur automatique de concentré
- TB : taux butyreux
- TP : taux protéique
En chiffres…
L’EARL DE CHAMPESJUS (MAYENNE)
- un associé et un salarié à temps plein
- une SAU(1) de 135 ha, dont 40 ha de maïs, 25 ha de blé, 4 ha de luzerne, 40 ha de prairies temporaires et 20 ha de prairies naturelles
- 15 charolaises et une production de bœufs
- 85 Holsteins
- une production de 910 000 litres de lait
- SAU : surface agricole utile
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