Même revenu avec ou sans robot

Les élevages laitiers suivis par Cerfrance ont dégagé un revenu moyen de 39 000 € par actif familial en 2021, que la traite y soit ou non robotisée.

L’année 2021 peut se résumer par « près de 30 000 € de résultat en plus par exploitation laitière en moyenne du fait de l’embellie de la conjoncture agricole (lait, céréales, viande bovine) et malgré la hausse partielle des charges d’aliments (dans le sillage des prix des céréales) et de mécanisation (avec le prix du carburant) », analyse l’Atelier des études économiques Cerfrance dans une publication du 21 octobre. « Les exploitations laitières équipées de robot(s) progressent encore plus avec des structures toujours plus importantes, intensives et productives », qu’il s’agisse du lait produit par actif (321 000 l contre 288 000 l) ou du lait produit par hectare de surface fourragère : 8 740 l contre 7 730 l. En Normandie, « 80 % des installations de traite en 2021-2022 seraient en robots », selon Cerfrance.

« Avec 39 000 € de revenu disponible par UTAF (Unité de travail annuel familial) en moyenne, équipé ou non en robot, les résultats sont historiquement hauts (proches de 2,5 Smic nets), le prix du lait atteignant des sommets, comme en viande et cultures. Et cela devrait perdurer sur les clôtures de l’automne 2022. Toutefois, pour 2022/2023, il faut rester vigilant à l’explosion des charges d’intrants, notamment du coût alimentaire, des engrais et du carburant. »

Robot :  + 8 € de coût alimentaire aux 1 000 l

« Malgré une meilleure productivité pour les exploitations équipées de robot(s), les résultats sont équivalents car elles subissent des charges financières plus lourdes suite à leur décision d’acquisition du robot. Avec leurs structures plus importantes, les exploitations équipées de robot(s) ont une meilleure productivité malgré un prix de vente du lait plus faible et des coûts de production plus importants. Investir dans un robot engendre une hausse de charges oscillant de 10 € à 50 € par 1 000 litres, notamment un coût alimentaire plus élevé (+ 8 €), un surcoût de frais de mécanisation lié aux frais de fonctionnement du robot mais des coûts de main d’œuvre moindres (liés à une meilleure productivité). »

Cerfrance note encore «  de fortes disparités de résultats selon la maitrise technique et la gestion du troupeau par les chefs d’exploitation, facteurs clés de succès. En effet, les écarts de performances sont importants, que ce soit pour les équipés ou non de robot(s), selon le système fourrager, la productivité laitière et la conduite de l’élevage (gestion et accès du pâturage, réformes et renouvellement du troupeau pour limiter les cellules, gestion des vêlages pour optimiser la fréquentation du robot, ration alimentaire, etc.). Seulement 37 % des exploitations équipées de robot(s) ont un prix de vente du lait supérieur au prix de revient. Les 25 % meilleurs dégagent 3,7 SMIC nets en moyenne pour cette récolte, soit 17 500 € par UTAF de plus que la moyenne. »

« Investir dans un robot, certes, c’est se donner du confort, se libérer de l’astreinte de la traite, pallier au manque de main d’œuvre omniprésent, moderniser son exploitation, etc. Mais c’est aussi une nouvelle organisation quotidienne, avec une surveillance accrue de son troupeau et la maitrise globale de son atelier lait pour avoir de meilleures performances économiques. Face au contexte mouvant des marchés, il est nécessaire de penser à l’épargne de précaution, pour sécuriser les systèmes et anticiper l’avenir avec des années plus volatiles, d’autant plus avec des investissements lourds », conclut Cerfrance.

BC

A télécharger :

Les revenus agricoles en Europe en 2020 (ministère de l’agriculture, novembre 2022)

Tableau de bord européen des produits laitiers (DG Agri, 9 nov. 2022)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 4 nov. 2022)

Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 28 oct. 2022)

Résultats 2021 des réseaux d’élevage Inosys (Chambres d’agriculture, 28 oct. 2022)

Observatoire des entreprises agricoles de Normandie (Cerfrance, 1er sept. 2022)

Lisez également

Une cheffe d’exploitation sur quatre

La part des femmes est « proportionnellement très importante dans l’élevage de gros animaux (46,6 %) ».