Plus de revenu avec moins de lait

Comparés à leurs confrères conventionnels, les éleveurs laitiers du réseau Civam gagneraient 8 000 € de revenu supplémentaire par associé.

L’édition 2025 de l’Observatoire technico-économique des systèmes bovins laitiers du Réseau CIVAM  a présenté son bilan et comparé le bilan économiques 2023 d’élevages traditionnels et d’éleveurs adhérents au réseau Civam. Pour les auteurs, ce rapport confirme qu’il est possible de produire du lait autrement, en conciliant rentabilité économique, durabilité environnementale et vitalité rurale. Basée sur un échantillon de 155 fermes en agriculture durable, dont 128 en bio, l’étude montre que les systèmes herbagers autonomes reposant sur la « valeur ajoutée » plutôt que sur le « volume » offrent des revenus plus stables et des impacts écologiques réduits.

Alors que les exploitations conventionnelles du réseau RICA (Réseau d’information comptable agricole) produisent davantage de lait, elles supportent aussi des charges plus lourdes, notamment pour l’alimentation et les investissements. Les fermes CIVAM, plus sobres, dégagent en moyenne 8 000 € de revenu supplémentaire par associé et économisent environ 145 000 € de charges par rapport aux fermes RICA. Leur modèle repose sur une meilleure maîtrise des coûts et une valorisation accrue des ressources internes.

Moins de maïs

Sur le plan environnemental, ces fermes privilégient les prairies permanentes et réduisent leur dépendance au maïs, aux engrais azotés et aux pesticides (-202 €/ha). L’autonomie alimentaire et le pâturage renforcé permettent de limiter les achats extérieurs et les émissions liées à la production. Socialement, ces exploitations contribuent davantage à la vitalité rurale : elles génèrent 259 € de revenu en plus par hectare, emploient davantage de main-d’œuvre à surface équivalente et facilitent la transmission grâce à des structures moins endettées, moins capitalistiques et plus humaines.

L’observatoire met aussi en lumière la pratique de la monotraite, adoptée dans certaines fermes CIVAM plus de huit mois par an. Cette organisation réduit l’astreinte de travail sans nuire au revenu ; elle améliore même la rémunération horaire, doublée grâce à une meilleure qualité du lait et un pâturage intensifié.

En conclusion, le rapport souligne une binarisation croissante du modèle laitier français : d’un côté, des exploitations intensives cherchant à maximiser les volumes ; de l’autre, des fermes durables misant sur la sobriété, l’autonomie et la qualité.

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