La justice administrative vient de donner raison aux défenseurs du Camembert de Normandie AOP. Le 10 janvier 2025, la cour administrative de Nantes a statué en leur faveur.
Les industriels ne bénéficiant pas de l’AOP Camembert, ne pourront plus utiliser les mentions « fabriqué » ou « élaboré en Normandie ». Ces derniers devront donc modifier l’étiquetage de leurs produits, accusés par les producteurs normands d’usurper l’origine régionale. « Seule l’AOP Camembert de Normandie peut utiliser le terme Normandie », réaffirment l’organisme de défense et de gestion (ODG) de l’appellation d’origine protégée (AOP) Camembert de Normandie et le Comité national des appellations d’origine laitières (Cnaol). « L’AOP Camembert de Normandie est protégée contre toute utilisation commerciale directe ou indirecte de sa dénomination et les étiquettes des camemberts non AOP ne peuvent comporter des mentions prêtant à confusion pour le consommateur, y compris sur la provenance du lait », concluent l’ODG et le Cnaol.
Un combat de longue haleine pour une reconnaissance claire
David Aubrée, directeur de la fromagerie Réo et président de l’association Camembert de Normandie AOP, s’est exprimé dans les colonnes d’ »Ici Cotentin » : « Avec l’Institut national des appellations d’origine et notre organisme de défense du Camembert de Normandie, nous luttons depuis des années pour que l’utilisation abusive du mot « Normandie » cesse. Seuls les camemberts répondant au cahier des charges AOP, incluant notamment du lait cru de race normande et un moulage à la louche, méritent cette mention. Cette décision marque une étape essentielle pour protéger nos traditions. »
Transparence pour le consommateur
Pour David Aubrée, cette victoire apporte une clarté nécessaire : « Grâce à ce jugement, les étiquettes seront désormais plus transparentes. Les signes d’identification régionaux, comme le drapeau normand, seront exclusivement réservés aux camemberts AOP, garantissant ainsi un produit de haute qualité. »
Un patrimoine à préserver
Le camembert, véritable symbole culinaire au même titre que la baguette, méritait cette distinction : « La confusion entre camemberts AOP et industriels était dommageable. Désormais, les consommateurs pourront faire un choix éclairé. Actuellement, seul un camembert sur dix vendu en France est AOP. Cette décision permettra de mieux valoriser notre patrimoine fromager. »
Un feuilleton loin d’être terminé
Cependant, la partie n’est pas encore complètement gagnée. Les industriels fromagers ont déjà déposé une douzaine de recours pour contester cette décision. La bataille juridique est donc encore en cours…