Le cheptel de vaches laitières ou allaitantes conduites en bio a légèrement augmenté en 2022. Le nombre d’élevages aussi.
L’effectif d’exploitations en agriculture biologique a progressé de 3,5 % en 2022 pour s’établir à 60 483, soit 14 % des fermes françaises. Parmi elles, 5 257 élevages bovins laitiers (+ 0,5 %) et 6 730 élevages bovins allaitants (+ 1,7 %). Le cheptel laitier réunit 302 206 vaches (+ 3,3 %), le cheptel allaitant 232 074 vaches (+ 0,2 %). Les surfaces toujours en herbe occupent 990 474 ha (+ 2,3 %), les cultures fourragères 683 752 ha (+ 0,2 %). Globalement, les surfaces conduites en bio atteignent 2,88 millions d’hectares (+ 2,7 %), soit 10,7 % de la SAU. Une progression des surfaces de l’ordre de 10 % serait attendue en 2023.
Ces chiffres, bien qu’en hausse, ne satisfont pas les dirigeants de l’Agence bio, qui constatent un ralentissement des conversions et, surtout, un « recul inédit de la consommation » en 2022 (- 5,1 % à 14,3 milliards d’euros). Les ménages ont consacré 6 % de leur budget alimentaire à des produits bio en 2022 (c’était 6,4 % en 2021), en dépit d’une hausse des prix de détail (+ 4 %) inférieure à celle de l’alimentation dans son ensemble (+ 6,8 %). Plus autonomes que la moyenne, les exploitations bio n’ont, en outre, pas subi l’envolée des prix des engrais, explique Loïc Guines, producteur de lait en Ille-et-Vilaine et président de l’Agence bio.
BC
A télécharger :
Les chiffres du bio en 2022 (Agence bio, 1er juin 2023)
L’impact de l’inflation sur la consommation alimentaire en 2022 (FranceAgriMer, juillet 2023)
Haro sur le bovin ! (Chambres d’agriculture France, 4 juillet 2023)
Conjoncture des viandes rouges (FranceAgriMer, 4 juillet 2023)
Nouveau repli de la production bovine en 2022 (ministère de l’agriculture, 21 juin 2023)
Evolution des achats de produits bio depuis 2015 (FranceAgriMer, 9 juin 2023)
Indicateurs de conjoncture du lait de vache bio (FranceAgriMer, 8 juin 2023)
Indicateurs de conjoncture viande bovine (FranceAgriMer, 12 juin 2023)
Bulletin hebdomadaire des filières ruminants (Interbev, 7 juin 2023)
Les rendements des grandes cultures bio (ministère de l’agriculture, 5 juin 2023)
Quelques repères sur la crise de la bio (Chambres d’agriculture, 31 mai 2023, page 2)
Tableau de bord hebdomadaire des produits laitiers (FranceAgriMer, 1er juin 2023)
Guide pratique des allégations environnementales (Conseil national de la consommation, 25 mai 2023)
LES REACTIONS
La FNAB « appelle à une mobilisation générale »
« Ce matin se tenait la conférence de presse de l’Agence Bio, à l’occasion de laquelle les chiffres de la conversion bio ont été dévoilés, bien en deçà de ceux prévus dans la feuille de route du Ministère de l’Agriculture », souligne la Fédération nationale d’agriculture biologique (FNAB) dans un communiqué du 1er juin. « En effet, avec seulement 75 000 hectares agricoles de plus sous label AB en 2022, on assiste à un ralentissement historique de la dynamique de conversion. Le gouvernement et tous les acteurs actifs dans le développement de l’agriculture biologique doivent réagir en urgence pour ne pas assister les bras croisés à l’enterrement de la transition agroécologique de la France. »
« La dynamique de développement de la bio, portée par la Pac de 2015 et un marché en croissance, avait créé l’élan permettant de convertir chaque année plus de 250 000 hectares en agriculture biologique. C’est sur cette dynamique que la feuille de route Pac a été construite en se fixant un objectif de 18 % de surfaces bio en 2027. »
« La FNAB alerte depuis 2017, date de la suppression du financement par l’Etat d’une partie des aides à la bio, que seul un soutien dans la durée de l’agriculture biologique, tant sur la demande que sur l’offre, permettrait de donner envie aux agriculteurs/trices de franchir le cap de la conversion et de se projeter dans ce modèle agricole écologique. « On paye aujourd’hui les décisions politiques d’il y a cinq ans. La croyance que la dynamique du marché se suffisait à elle-même et que l’intervention de l’Etat n’était plus nécessaire pour faire la transition écologique agricole montre aujourd’hui ses limites », souligne Olivier Chaloche, membre du bureau de la FNAB.
« Agences de l’eau, Ministères de la Transition écologique et Ministère de la Santé, associations d’élu·es des collectivités, il est urgent que le Ministère de l’Agriculture réunisse l’ensemble des acteurs œuvrant pour le développement de l’agriculture biologique afin qu’un programme concerté, interministériel et interinstitutionnel, soit lancé rapidement dans l’idée de rester sur les rails d’un objectif de 18 % de surfaces en agriculture biologique d’ici 2027. D’après la feuille de route Pac du Ministère de l’Agriculture, nous devrions déjà être à 12 % de surfaces bio avec 320 000 hectares de plus que les chiffres publiés ce jour. »
« Loïc Madeline, secrétaire national en charge de la Pac et polyculteur-éleveur en Normandie, déplore : « Comme toute l’énergie financière a été mise sur la conversion, on va se retrouver dans la situation ridicule où la bio, alors qu’elle est en crise, va perdre encore du soutien financier par rapport aux cinq dernières années si les surplus du soutien à la conversion ne sont pas réalloués d’urgence. » « Nous avons besoin d’un nouveau plan ambition Bio d’envergure, tout le monde doit s’engager à son échelle, sinon la France ne tiendra pas, une fois encore, les objectifs qu’elle s’est fixés », alerte Philippe Camburet, président de la FNAB.
« La FNAB dresse une liste de mesures à mettre en place d’urgence :
- Respect de l’objectif de 20 % de bio dans la restauration hors domicile d’ici un an pour l’ensemble des collectivités locales ;
- Budget pluriannuel de 10 millions d’euros pour financer la communication grand public via l’Agence Bio ;
- Hausse de l’éco-régime bio à 145 euros par hectare et par an ;
- Mise en place de paiements pour services environnementaux (PSE) bio par les agences de l’eau. »